Inspiré du roman Vineland sorti en 1990 (et situé en 1984), Une Bataille Après L’autre se montre plus que jamais actuel en se situant dans une Amérique Trumpiste où Pat Calhoun (Leonardo DiCapiro) va tout faire pour retrouver sa fille. Sorte de fuite en avant continue, le film de Paul Thomas Anderson dépeint un contexte social et politique gangréné dans un pays au bord de l’explosion.
Une Bataille Après L’autre est un film puissant. Tout d’abord parce que si Paul Thomas Anderson (Magnolia, There Will be Bood) n’a plus grand-chose à prouver en terme de réalisation, le fait de le voir dans un film au rythme aussi soutenu a de quoi surprendre d’autant qu’il se réinvente lors des fusillades ou courses-poursuites. De son introduction flirtant avec le cinéma de Michael Man (dans le choix de ces couleurs bleutées) jusqu’à sa conclusion évoquant Les Frères Cohen, le réalisateur s’appuie aussi bien sur le jeu de ses stars que des dialogues au cordeau, incisifs ou bien encore un montage filant à vive allure, nerveux et soutenu par une musique omniprésente marquant chaque étape de la virée de Leonardo DiCaprio tentant tant bien que mal de secourir sa fille kidnappée par un Sean Penn incarnant un militaire aussi procédurier qu’aux prises avec ses pulsions sexuelles. Les seconds rôles étant eux-mêmes campés par des pointures (Benicio del Toro en sensei aussi mesuré que volontaire, Teyana Taylor en révolutionnaire acharnée et résiliente), l’intrigue qui se déroule sur plus de 2h40 fascine et façonne une vision de l’Amérique actuelle à peine déformée.
Tout ceci se traduit par une fuite en avant de DiCaprio, membre de l’unité révolutionnaire des French 75, qui semble toujours avoir un train de retard en essayant pourtant d’aller de l’avant. Mais rien n’y fait, plus il essaie plus il échoue, guère aidé il est vrai par sa propre organisation, au détriment parfois du bon sens (hilarante scène de l’appel téléphonique et du code secret). Un rôle en or pour l’acteur qui s’en donne à cœur joie en nous livrant une prestation fabuleuse. Drôle, émouvant et toujours entier dans son jeu, DiCaprio impressionne en campant ce père flanqué d’une vieux peignoir élimé, mal rasé, paumé, mais ne baissant jamais les bras, quand bien même il devra affronter le monde entier pour secourir sa fille. Une Bataille Après L’autre se montre donc frontal dans son envie de pointer du doigt ce qui ne va pas dans la politique américaine actuelle. Le film est féroce, hargneux mais aussi très drôle dans ses ruptures de ton offrant au récit des respirations bienvenues.
Généralement plus posé, Paul Thomas Anderson opte ici pour davantage de mouvements en laissant filer sa caméra au plus près de ses personnages pour ne rien manquer de cette folle échappée à l’image de la course-poursuite finale admirablement filmée en usant au mieux de son décor. La conclusion n’en est que plus forte en libérant toute la peur cristallisée de Willa (excellente Chase Infiniti) ainsi que l’amour qu’elle porte à son père. Au delà de son aspect fantaisiste, satirique et presque bipolaire, Une Bataille Après L’autre n’en reste pas moins le film le plus accessible du réalisateur, généreux jusqu’au boutisme, faisant réfléchir sur le monde actuel tout en nous offrant un sacré ride. Du grand cinéma tout simplement.





Frontal, ne s’arrêtant jamais pour laisser le spectateur respirer, Une Bataille Après L’autre lance Leonardo DiCaprio dans une course-poursuite impossible aussi folle, drôle que politiquement engagée. Paul Thomas Anderson démontre une fois de plus avec ce film ses talents de réalisateur, de direction d’acteurs et de conteur hors pair.
								



				

