Sackboy : A Big Adventure : Petit en taille, immense en générosité

C’est en 2008 que sort le premier Little Big Planet, jeu de plates-formes à destination de la PlayStation 3 et disposant d’une forte dimension communautaire avec du multijoueur et un outil de création permettant de concevoir ses propres niveaux. Fort d’un bon succès, la saga donnera lieu à deux suites, mettant toujours en vedette le dénommé Sackboy. C’est donc fort logiquement que le dernier opus en date reprend le nom de son héros afin de nous proposer un épisode délaissant l’aspect créatif au profit de la plate-forme pure et dure.

Patchwork Monde connait le plus grand bouleversement de son histoire. Le maléfique Vex vient de débarquer à l’improviste et entend bien, avec l’appui de son armée, asservir le peuple du village de Loom où vit le bien nommé Sackboy. Ni une ni deux, notre petite poupée de chiffon préférée va devoir se retrousser les manches et partir à l’aventure afin de vaincre le gredin et sauver tout ce beau monde. A la lecture du pitch, vous aurez sûrement compris que l’intérêt du jeu ne réside pas dans ces bribes d’histoire classico classiques mais bel et bien dans son contenu. Sur ce point, le jeu est plutôt irréprochable bien qu’il délaisse l’aspect créatif présent dans les trois précédents jeux.

En effet, si il était possible auparavant de créer ses propres niveaux et de les partager avec la communauté, cet aspect est purement et simplement supprimé, sans doute pour des raisons de temps et d’argent à moins que la feature ait moins d’attrait aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, la dimension multijoueur persiste puisqu’il sera possible de jouer avec un, deux ou trois amis dans certains stages spécifiques. D’ailleurs, malgré la fonction online, il est un peu frustrant de ne pas avoir accès à ces niveaux (généralement deux dans chacun des cinq mondes disponibles) cadenassés pour les pauvres hères solitaires. Si vous voulez ainsi découvrir tout ce que le jeu propose, il vous faudra accepter de jouer avec des inconnus, ceci n’étant pas nécessairement le plus adapté dans un jeu de plates-formes où les réflexes et actions coordonnées sont importants. Mentionnons enfin qu’avec des serveurs actuellement déserts, vous n’aurez aucune possibilité de jouer à ces niveaux à moins de connaitre quelqu’un possédant le jeu. Frustrant.

En dehors de cet aspect, précisons qu’on retrouve aussi l’une des forces des précédents jeux synonyme de customisation de notre personnage. Outre la centaine de costumes disponibles (originaux ou s’inspirant de grandes licences PlayStation), il sera aussi possible d’acheter quantité d’accessoires (couvre-chef, haut, bas, mains…) pour vous faire votre propre Sackboy. Pour ce faire, vous devrez néanmoins avoir suffisamment de Collectabelles, chaque item ayant un prix. Et comment trouve-t-on ces fameux Collectabelles me demanderez-vous ? Tout simplement en les récupérant dans les niveaux ou à l’intérieur des hubs où poperont par moments une lanterne magique recelant des variantes d’une pièce entièrement dédiée à la récupération de cette monnaie. Ceci me permet de rebondir sur la construction de Sackboy : A Big Adventure, aussi classique que satisfaisante grâce, notamment, à une gestion parfaite de sa difficulté.

Découpé en cinq mondes et autant de biomes (exotique, marin, futuriste…), le titre nous invite à suivre un chemin prédéfini composé de plusieurs levels qui, une fois bouclés, ouvreront la voie aux suivants. Sackboy ne réinvente donc pas la roue mais s’avère pourtant surprenant à bien des égards. Déjà, dans son utilisation de la musique, disons-le sans détour, c’est du grand art. Outre des compositions originales, variées, parfaitement adaptées aux niveaux et rythmant à merveille la progression, le jeu utilise également nombre de morceaux connus (le Let’s Dance de David Bowie, Uptown Funk de Bruno Mars et Mark Ronson, The Private Psychedelic Reel des Chemical Brothers…) afin de décupler l’impact de certains stages. Sur ce point, c’est un sans faute d’autant que la musique s’adapte à la progression du joueur en usant de boucles musicales afin de toujours dans le rythme. Notons que ce système sera repris dans le récent Alan Wake 2. Bref, la soundtrack de Sackboy est tout simplement exceptionnelle et concoure grandement au plaisir de la découverte, au plaisir de jeu tout simplement.

Concernant son gameplay, le titre se base sur des bases solides synonyme d’une panoplie de mouvements (plonger, esquiver, rouler) permettant de Sackboy d’être suffisamment réactif pour se confronter à tous les pièges pullulant sur sa route. En sus, on nous proposera parfois divers ustensiles (bottes à réaction ou nimbé de miel pour coller aux surfaces, frisbee) autour desquels le level design sera conçu. De quoi apporter un peu de variété à l’image des niveaux nous intimant à avancer sans relâche en suivant un train en marche ou pour éviter un champ protecteur ne demandant qu’à nous désintégrer. Toutefois, mentionnons quelques soucis liés à la profondeur de champ synonyme de sauts un peu plus « tricky » ou de collectibles difficilement atteignables. Si vous êtes du genre à terminer les niveaux à 100%, je vous conseillerai à certains moments d’opter pour les vies infinies afin de ne pas criser à cause d’un Game Over lié à un dernier collectible difficilement atteignable.

Bien que pensé dans le même moule qu’Astro Bot, Sackboy : A Big Adventure s’avère légèrement moins accessible mais reste une valeur sûre de la plate-forme, grâce à son contenu généreux auquel s’ajoutent une 20aine de défis chronométrés à la difficulté exponentielle mais aussi son visuel des plus charmants oscillant entre un pop-up book en tricot et un film d’animation. Tout ceci concoure à un produit très solide, parfaitement calibré pour toucher adeptes du genre et grand public. Cute à souhait, Sackboy n’a rien perdu de sa superbe et son portage PC s’en sort avec les honneurs grâce à de multiples réglages rendant l’expérience aussi agréable que sur consoles et ce quelle que soit votre configuration.

Malgré quelques soucis de jouabilité et une histoire useless, le titre de Sumo Digital reste encore aujourd’hui un excellent investissement grâce à sa générosité sans faille et une utilisation admirable de sa musique. Si d’aucun trouveront qu’il est dommage que la série ait délaissé la création de niveaux, ce ressenti s’estompe rapidement grâce à une bonne dose d’inventivité, une réalisation hors pair et un gameplay très bien calibré.

Yannick Le Fur

Yannick Le Fur

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