Après avoir réanimé la franchise tout en lui offrant une nouvelle espérance de vie via l’excellent Prey, Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane) renoue avec Predator, toujours pour Disney+, mais cette fois via l’animation. L’occasion de nous offrir un spectacle ambitieux, à travers différentes époques.
Bien que Predator ait eu le droit à cinq films, aucun d’entre eux n’était jamais revenu sur le passé de ces chasseurs interstellaires. Certes, la fin de Predator 2 laissait entrevoir que ces chasses se déroulaient depuis fort longtemps mais cet aspect ne sera jamais développé dans Predators ou bien encore The Predator. En installant son histoire en 1719 et en confrontant la créature à une Comanche, Prey nous rappelait que l’extraterrestre n’avait pas attendu 1987 pour s’en prendre à nous. Predator : Killer of Killers va encore plus loin en posant son action à quatre périodes distinctes de l’histoire dans des lieux différents et avec des chasseurs spécifiques. Un pitch des plus excitants, propice à l’action non-stop et un terrain d’expérience parfait pour Trachtenberg à l’approche du prochain volet de la saga, Badlands.
En effet, quoi de mieux que de confronter le Predator à des guerriers aux quatre coins du monde pour ouvrir le champ des possibles en matière de carnage. Le film se découpe ainsi en quatre chapitres : En 841 en Scandinavie, en 1609 au Japon, en 1942 durant la campagne d’Afrique du Nord et enfin sur l’une des planètes des Predator. Autant de façons d’enchaîner les versus qu’on pourrait penser de prime abord quelque peu déséquilibrés sauf que c’est sans compter sur la qualité des combattants choisis par notre combattant à dreadlocks, ce dernier ayant à cœur de rencontrer des adversaires dignes de lui afin de prouver sa valeur.

Et pour le coup, il y a ici de quoi faire entre des samouraïs, un viking ou un pilote de l’air américain. Dans sa construction, Killer of Killers se montre assez redondant puisque chaque chapitre est découpé de la même façon, de l’introduction des guerriers, à l’arrivée du Predator en passant par l’affrontement. On pourrait presque se lasser sauf que le p’tit plus vient du fait que chaque Predator associé à une période possède un armement spécifique et ne se privera jamais pour en faire usage, ceci permettant à chaque chasse d’être différente, de varier les approches à travers de très belles idées de mise en scène, des chorégraphies étudiées ou même certains gadgets particulièrement funs, notamment lors du dogfight de la Seconde Guerre Mondiale.
Tout en chapitrant les affrontements à venir, le film profite par ailleurs d’une superbe direction artistique mettant en valeur les morphologies bestiales des Predator, leurs costumes ou les ambiances disparates donnant à l’ensemble un vrai cachet, héritier des longs-métrages précédents tout en se voulant unique. S’inscrivant dans la mouvance post Spider-Man : Into the Spider-verse, Killer of Killers s’offre une esthétique superbe, malheureusement jamais parfaitement mise en exergue par l’animation manquant grandement de fluidité et donnant presque l’impression que les animateurs du studio The Third Floor, Inc (spécialisé dans la prévisualisation de nombreux blockbusters et autres jeux vidéo) n’ont pas totalement maîtrisé les subtilités du rendu. Difficile d’être totalement conquis sur ce point, surtout si on compare le film à des cadors comme Arcane sur Netflix.
Malgré tout, le film s’avère hautement jouissif, ne serait-ce que par son côté résolument gore et primaire. Les affrontements sont brutaux, l’impact des coups étant démultipliés par des effets de style associés à des gerbes de sang. Au delà de cette démonstration de force, le tout tente tant bien que mal de se faire une place dans la saga en racontant quelque chose même si sur ce point, c’est déjà plus laborieux. S’articulant autour des trois vainqueurs se retrouvant en bout de course pour une ultime bataille, Killer of Killers s’essouffle dans son dernier acte avec ses faux airs de Predators. Malgré sa conclusion liant l’ensemble des films, le tout se résume davantage à un clin d’oeil qu’à une véritable idée scénaristique même si il sera intéressant de voir si Trachtenberg en fera quelque chose dans l’univers qu’il tente de mettre en place. Une question à laquelle Badlands répondra peut-être mais ceci est une autre histoire.





Assumant du début à la fin son statut de défouloir à travers le temps, Killer of Killers embrasse la nature hargneuse de sa créature pour nous offrir un spectacle jouissif. Bien que l’animation ne soit pas toujours au niveau, elle est sauvée par une mise en scène souvent très inventive. On pourra toutefois regretter que le film ne cherche jamais vraiment à faire évoluer l’univers du Predator et se réfugie plutôt dans son envie de former un grand tout avec les précédents films à travers une simple scène post-générique. Pour autant, difficile de nier l’aspect excitant du film qui parvient par sa bestialité et ses chorégraphies stylisées à faire passer un excellent moment.





