Depuis 1933, date de sa création, l’homme d’acier aura eu droit à de nombreuses adaptations, au cinéma mais aussi dans la petite lucarne à travers diverses séries live et d’animation. Adulé et conspué (choisissez votre camp) le Man of Steel de Zack Snyder proposait une vision très comic book tout en portant la patte de son réalisateur. De la même façon, le Superman de James Gunn transpire le style de son réalisateur, son amour des comics et une certaine forme d’humour. De quoi alimenter bien des débats.
Débutant le nouveau DCU de James Gunn au cinéma (celui-ci ayant réellement débuté avec l’excellente série d’animation Creature Commandos), Superman se devait plus que jamais de bomber le torse afin de convaincre fans et profanes. Sans susciter la fascination d’un Batman, sans doute à cause d’un patriotisme un peu trop prononcé pour les non américains, le super-héros, ou du moins son interprète, David Corenswet, devait également convaincre dans le rôle afin de faire taire les fans d’Henry Cavill, très convaincant dans son costume moulant. Si le ressenti variera forcément en fonction de vos attentes et votre vision du personnage, difficile de nier que Gunn a trouvé une formule à même de contenter un large public en mélangeant action, humour et message politique (un brin caricatural).
S’affranchissant de toute l’origin story du personnage, Superman démarre sur les chapeaux de roue et enchaîne les personnages et situations à un rythme effréné. S’articulant autour de l’affrontement entre Sup. et Lex Luthor, le scénario intègre néanmoins certaines questions d’ordre moral tout en ajoutant des éléments plus intimistes avec Lois et la famille de Clark. Malheureusement, tout ne fonctionne pas parfaitement car si certains dialogues sonnent juste (celui entre Lois et Clark), d’autres se montrent trop expédiés et classiques dans leur écriture (celui entre Clark et ses parents) pour pleinement convaincre. Il faut également préciser qu’en un peu plus de deux heures, il est difficile de faire rentrer autant de thématiques et personnages sans en sacrifier certains au passage. C’est un peu le constat qui s’impose lorsqu’on songe au Justice Gang (composé de Green Lantern, Hawkgirl et Mister Terrific), trio éminemment sympathique, servant l’aspect fun et décalé du long-métrage mais aux membres très peu développés. Même son de cloche concernant Ultraman dont les origines sont très vite expédiées ou le pourtant très réussi Metamorpho qu’on aurait aimé connaître un peu plus en profondeur.

Superman pêche donc quelque peu par ses ambitions dont la durée ne permet pas de cocher toutes les cases. Au-delà d’une certaine frustration, le film de Gunn comporte néanmoins suffisamment de moments épiques pour exciter les sens. Certes, il vous faudra apprécier un humour proche de celui des Gardiens de la Galaxie pour pleinement rentrer dedans mais si c’est le cas, vous aurez alors l’une des meilleures adaptations du personnage sur grand écran. D’abord, parce qu’il embrasse complètement sa vision en s’inspirant de l’âge d’or de Superman (1938 – 1956) jusqu’à intégrer Krypto, quitte à s’attirer les foudres de certains fans ne trouvant pas la chose très sérieuse, ou en allant au bout de certaines idées un peu saugrenues (la façon dont Lex dirige Ultraman). Mais qu’à cela ne tienne, James Gunn assume et se fait plaisir.
Bien que cela se concrétise une fois encore par l’affrontement de Superman et son Némésis préféré, l’écriture est suffisamment savoureuse pour permettre au casting de nous offrir leur propre vision des personnages, bien différente de celles des précédents films. Nicholas Hoult (plusieurs X-Men, Nosferatu) s’en donne à cœur joie sous les traits de Lex qui devient ici un milliardaire encore plus arrogant, hautain et bien décidé à crier à qui veut l’entendre quel danger représentent les méta-humains. Rachel Brosnahan (Gossip Girl, Les Experts : Miami) offre une vraie force de caractère à Loïs pendant que David Corenswet (Pearl, Twisters) campe un Superman, plus humain que jamais, tiraillé entre l’envie de faire le bien au risque de participer à des conflits pouvant bousculer l’ordre mondial, sa vie de couple et son quotidien en tant que Clark Kent. Saupoudrant le tout d’un amour pour la pop-culture, Gunn fait preuve une fois de plus d’une maitrise certaine pour filmer l’action, généralement en grand angle, que ce soit lors d’une baston entre Superman et un kaiju, le passage de Mister Terrific contre la milice de Lex Luthor, très Star-Lord dans l’âme, ou une démonstration de force du Justice Gang face à l’armée Boravienne.

Le réal va même jusqu’à faire un joli pied de nez à Marvel en intégrant sa vraie scène post-générique avant ce dernier, avec l’apparition de Supergirl nous faisant notamment comprendre la nature surexcitée de Krypto. Un moyen comme un autre d’intégrer la cousine qui aura prochainement le droit à son propre long-métrage et une façon espiègle de terminer un blockbuster. Du pur James Gunn.





Excitant, fun et transpirant l’amour de James Gunn pour la pop culture, Superman ploie parfois sous le poids de ses ambitions en ne parvenant pas toujours à développer l’ensemble de ses personnages, principaux comme secondaires. Reste malgré tout un film sincère et maitrisé, servant autant à remettre en selle Superman qu’à préparer le terrain pour les futurs films du DCU.