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Superman : The Animated Series : Une série en acier trempé !

Bien moins citée que Batman : The Animated Series quand il s’agit de parler des séries à la gloire des héros de DC, Superman : The Animated Series (aka Superman : L’Ange de Métropolis en France) n’en reste pas moins un show d’exception, plus héroïque et porté sur l’action que son illustre aîné, et entièrement dédiée à l’icône américaine trouvant ici sa meilleure adaptation à travers trois saisons aussi complémentaires que généreuses.

Diffusée en septembre 1996, soit quatre ans après Batman : The Animated Series, Superman : The Animated Series se termine après 54 épisodes. On ne sera pas étonnés de retrouver à la barre des anciens de Batman : TAS comme Bruce Timm, Paul Dini ou bien encore la compositrice Shirley Walker. Troquant la sombre Gotham et l’ambiance très film noir de Batman : TAS pour une Metropolis lumineuse et une atmosphère soutenue par son action frénétique, Superman : The Animated Series profite d’une intéressante courbe de progression au fil de ses saisons.

Ainsi, la première d’entre-elles composée de 13 épisodes opte pour le concept de «freak of the week» en intégrant régulièrement un vilain diffèrent. Néanmoins, dans son triptyque de départ, elle prend le temps de revenir sur les origines de Superman et lors des épisodes 9 & 10 (Le Motard du Cosmos), elle confronte l’Homme d’acier au chasseur de primes intergalactique Lobo avant de les associer contre le Préservateur, être collectionnant les espèces rares de l’univers. Cet épisode fonctionne à merveille, notamment grâce à la personnalité des deux personnages, à l’opposé l’une de l’autre. Pour l’anecdote, alors que le doubleur américain de Lobo, Brad Garret, opte pour une voix relativement sobre, le doubleur français, Pascal Renwick (voix de Laurence Fishburne), usera d’un timbre plus grave afin de donner à Lobo une côté plus roublard et finalement raccord avec son visage. Notons à ce sujet que le doublage français dans son ensemble est de grande qualité grâce aux prestations de Emmanuel Jacomy (Superman), Véronique Augereau (Loïs Lane) ou bien encore Alain Dorval (Lex Luthor). La version française contribuera ainsi, à l’instar de celle de Batman : TAS, à l’aura de qualité de la série.

La deuxième saison de 28 épisodes, délaissera un peu l’aspect «1 épisode / 1 ennemi» en proposant des scénarios plus élaborés s’étalant parfois sur deux voire trois épisodes à l’instar de Nec Plus Ultra qui fait intervenir Batman. Ce premier crossover s’avère savoureux à plus d’un titre en réunissant les deux justiciers pour affronter Luthor et Le Joker. L’écriture est excellente et trouve toujours le ton juste entre humour et action ou bien encore grâce au triangle amoureux, entre Loïs, Bruce et Superman, qui ajoute une histoire supplémentaire à l’intrigue. L’épisode évite qui plus est l’affrontement entre Batman et Superman en préférant jouer sur la révélation de l’identité secrète des deux héros afin de bien dissocier « leurs méthodes de travail ».

Ce triple épisode d’une heure compte parmi les meilleurs de toute la série et profite qui plus est de l’animation impeccable du studio Tokyo Movie Shinsha qui s’était déjà illustré dans Batman : TAS ou bien encore le très bon Batman La Relève : Le Retour du Joker.

Cette saison se montre également beaucoup plus variée dans ses péripéties ou même son ton en faisant intervenir une combattante de caractère (Maxima la Reine Guerrière), celui d’Electra pour la toute première fois dans le DC Animated Universe ou bien encore Mxyzptlk dans l’épisode du même nom. Ce dernier se montre également exquis en terme d’écriture et pour une fois essentiellement basé sur l’humour. Superman joue en effet de son intelligence afin de se débarrasser tous les trois mois de Monsieur Mxyzptlk, inénarrable farceur dans la grande tradition des Tex Avery, vivant dans la Cinquième dimension.

Citons également le double épisode Centrale Nucléaire faisant intervenir Dark Seid et le dernier épisode, lui aussi en deux parties (La Petite Fille Perdue) et mettant en vedette Kara, une jeune Kryptonienne que Clark va prendre sous son aile et qui deviendra par la suite Supergirl.

La troisième saison de 13 épisodes se recentrera sur des scripts moins denses, sans pour autant être mauvais, plus proches en cela de ceux de la première saison. L’occasion de retrouver plusieurs ennemis déjà vus, de Metalo à Toyman en passant par Bizarro ou bien encore les Kryptoniens Mala et Jax-Ur. Les supers-héros ne seront pas en reste avec l’apparition de Robin, Aquaman, Green Lantern ou La Légion des supers-héros.

Proposant des scénarii travaillés, une bande son héroïque et une animation de qualité, la série se distingue aussi par son superbe design art deco. On notera également que le Superman de TAS se montre moins puissant que dans les comics en peinant par exemple pour soulever un «simple» camion. L’idée a énormément de sens dans une série animée portée par ses méchants et ses affrontements, ceci jouant nettement sur le rythme, le spectaculaire et la notion de suspens qui n’est dès lors plus simplement liée à l’utilisation de la Kryptonite. Précisons pour terminer qu’en 2006 (six ans après l’arrêt de la série) sortira le film Brainiac Attacks, sympathique mais qualitativement en deçà de ceux de Batman : TAS, Batman Contre le Fantôme Masqué ainsi que Batman et Mr. Freeze : Subzero.

Portée par d’excellents épisodes, une impressionnante galerie de supers-vilains, un superbe design et un doublage (anglais comme français) d’exception, Superman : The Animated Series rivalise sans peine avec Batman : The Animated Series. Proche des comics, intelligente dans son traitement, variée, elle réussit le tour de force de présenter un homme d’acier charismatique, à la fois plus fragile et intelligent.

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Ratchet and Clank : Rift Apart, un épisode aux dimensions cosmiques ?

Sans être la série la plus plébiscitée de l’univers Playstation, Ratchet and Clank n’en reste pas moins une saga d’importance pour Sony qui comptabilise déjà (en comptant les portages) pas moins de 13 épisodes. Rift Apart était donc doublement attendu, par les fans de la licence qui se rongeaient les sangs depuis 2016, date du remake du premier volet, et les possesseurs de PS5 censés pouvoir profiter d’un jeu usant au mieux des capacités de leur console. Bien que le titre soit effectivement un incroyable représentant des possibilités de la machine de Sony, que vaut l’aventure en elle-même ?

Rien ne va plus, le Docteur Nefarious, notre rival de toujours, a encore fait des siennes. Cette fois, il a volé le Dimensionateur et il entend bien s’en servir pour régner en maître sur une dimension parallèle. Bien entendu, notre sympathique duo va devoir court-circuiter ses plans en voyageant de planète en planète afin de trouver le moyen de réduire à néant les ambitions du démoniaque robot. Toutefois, pour les aider dans leur tâche, ils pourront compter sur Rivet, une Lombax avec qui Clank, amoché et séparé de Ratchet, va faire équipe. De son côté, notre intrépide Lombax trouvera en Glitch, une IA capable de pirater des systèmes, et Kit, l’alter ego dimensionnel de Clank, de précieuses alliées, jusqu’à ce que tout ce petit monde se retrouve pour botter les fesses métalliques de Nefarious. Bien qu’assez quelconque, le scénario de Rift Apart a le mérite de mettre en avant de nouveaux personnages à la personnalité complémentaire, la nature enjouée de Rivet s’harmonisant par exemple parfaitement avec celle plus contrastée de Ratchet. Une bonne idée même si on aurait apprécié que le concept de doubles dimensionnels soit plus creusé.

Cherchant davantage à en mettre plein les mirettes qu’à innover, la formule de ce nouvel épisode s’avère convenue pour celles et ceux qui connaîtraient la série ou le genre action/plates-formes. Pour autant, ce qui fait ici la différence tient à la maîtrise du rythme d’Insomniac Games qui dès le départ prévient le joueur que l’aventure va être hors normes. Tout dans cet opus suinte l’envie d’être «Bigger, better, stronger», à commencer par la représentation de son univers composé de planètes aussi diverses que variées. Chaque biome a ainsi bénéficié d’un soin particulier afin d’accentuer l’envie d’explorer pour y trouver les matériaux nécessaires à l’achat et l’upgrade d’armes ou bien encore pour y dénicher quelques quêtes annexes venant gonfler la durée de vie. De l’introduction sur Corson V, avec son Nefarious sacré Empereur, évoquant fortement le passage de Marty dans un futur alternatif où Biff règne en maître (Retour vers le Futur 2) à la planète de Sargasso, sauvage et composée de vastes étendues naturelles, en passant par la mine de Molonoth de Torren IV, Rift Apart propose une virée incroyable ponctuée de moments mémorables.

Alors que dans sa structure extrêmement classique (sans doute l’un des points faibles du jeu), ce nouveau Ratchet and Clank offre une très grosse impression de déjà-vu, il compense ce ressenti grâce à ses somptueux décors et sa pluie d’effets spéciaux. Vitrine technique d’une PS5 en mal de blockbusters, le jeu d’Insomniac Games parvient toutefois à légitimer ce flot d’effets spéciaux à travers l’usage de ses nombreuses armes, l’utilisation des failles temporelles ou bien encore l’héritage de la série synonyme de multiples éléments destructibles recelant une pluie de boulons. De fait, cette abondance d’explosions, de créatures et autres vaisseaux zébrant le ciel s’intègre parfaitement à un ensemble visuel très riche et ne dénote jamais à cause d’un aspect «too much» à l’instar par exemple d’un titre comme Kameo : Elements Of Power sur Xbox 360.

Bien qu’ayant soigné son gameplay, on trouvera tout de même frustrant que les fameuses failles évoquées plus avant n’aient finalement pour autre ambition que de remplacer un grappin. Le concept se montre donc beaucoup moins excitant qu’initialement vendu bien qu’il soit timidement utilisé lors d’une course. On pourra également reprocher au jeu sa profusion d’armes (électrique, «à pompe», grenades, etc.) d’autant que la sélection rapide n’est pas vraiment adaptée et demandera très souvent d’utiliser une roue disposant de deux volets distincts tant les pétoires sont nombreuses. Un détail cependant même si on reviendra rapidement à certains combos d’armes très efficaces pour venir à bout des innombrables vagues d’ennemis (parfois désespérément longues à l’image de ce qu’on trouvait déjà dans les Spider-Man du studio) et des quelques boss épars, agréables à appréhender.

On appréciera aussi la volonté des développeurs d’avoir essayé d’apporter un peu de variété à l’ensemble via quelques séquences plus originales. Citons par exemple celles de Clank, d’inspiration «Lemmingsesque», durant lesquelles vous devrez user d’orbes pour activer des mécanismes et ainsi amener à bon port plusieurs ghosts afin de débloquer le chemin. Bien qu’on aurait aimé que les phases de piratage avec Glitch ne soient pas simplement synonymes d’action, on saluera au final la variété des situations alternant courses-poursuites dignes d’une attraction de Disneyland, les décors disparates influant parfois sur le gameplay (sous-marin, usant de la gravité zéro à la manière d’un Dead Space) ou bien encore les quelques défis, certes centrés autour des mêmes éléments, mais produisant néanmoins des montées d’adrénaline, surtout lors de la Coupe Or.


En somme, si on retrouve dans Rift Apart, cet agglomérat d’éléments qui ont fait leur preuve, ici magnifiés par une technique impressionnante offrant aux cinématiques un aspect proche du film d’animation, le fait qu’Insomniac Games maitrise parfaitement leur sujet fait toute la différence. Que ce soit dans les différents modes proposés, privilégiant le rendu ou les fps, plonger dans ce nouveau Ratchet and Clank procure autant d’émerveillement que de plaisir, soit deux des fondamentaux d’un bon jeu vidéo.

La générosité est sans doute le mot qui caractérise le plus Rift Apart. Généreux dans sa durée de vie, dans son gameplay, dans ses situations, le titre d’Insomniac Games ne lésine jamais sur rien et se présente comme un incroyable roller coaster autant technique que ludique. Affichant de sa première à sa dernière seconde une envie absolue de divertir, le jeu multiplie personnages comme planètes et offre à ce nouveau volet une dimension de gigantisme où action et humour forment un joyeux mélange auquel il sera difficile de résister.

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Godzilla Vs Kong : Le choc des Titans !

Progressivement amené à travers Godzilla, Kong : Skull Island, puis Godzilla 2 : Roi des Monstres, Godzilla Vs Kong marque la rencontre entre les deux créatures. Déjà illustré en 1962 dans le King Kong Contre Godzilla de Ishiro Honda, le match entre les deux monstres entend cette fois nourrir le MonsterVerse de Warner qui devrait en toute logique accueillir d’autres bestioles dans les années à venir.

Faisant suite aux trois films pré-cités, Godzilla Vs Kong va droit au but et ne s’embarrasse nullement des préliminaires afin de contextualiser à outrance son histoire. L’idée est ici de vraiment offrir aux spectateurs ce qu’ils sont venus chercher : deux monstres de plusieurs mètres de haut s’envoyant de joyeux bourres-pifs. Sur ce point, autant dire que le spectacle s’avère aussi jouissif et régressif dans son action que peu ambitieux dans sa narration. En effet, la structure du film s’avère bancale à cause d’une absence totale de dramaturgie. Les personnages humains, pourtant omniprésents, ne sont jamais développés et l’affrontement entre les deux monstres n’étant pas vraiment vécu du point de vue des humains, tout ce qui entoure les deux créatures est la plupart du temps présenté comme autant de décors destructibles servant aux scènes certes grandioses mais ne prenant jamais en compte les dommages collatéraux et les pertes humaines.

Bien que son réalisateur, Adam Wingard (You’re Next, le remake de Blair Witch, Death Note) ait assumé ses choix en précisant que son film était vraiment centré sur ses deux monstres, on pourra toutefois trouver étrange d’avoir élaboré un cheminement pour ses personnages à travers trois films pour complètement les délaisser à l’arrivée. Cependant, si il pèche par son scénario évoquant le besoin de trouver un nouvel habitat pour Kong, ce qui ne manquera pas de le faire rencontrer Godzilla en chemin, attiré par un étrange signal, le long-métrage se montre par contre très convaincant dans son action. Autant dans l’impact des coups que dans la lisibilité de l’action, Wingard maîtrise son octogone urbain et aligne les affrontements pour notre plus grand plaisir. On en viendrait presque à oublier les différences initiales d’échelle entre Kong et Godzilla, expliquées par le réalisateur bien que moyennement crédibles.

D’un combat en pleine mer avec un Kong bondissant de porte-avion en porte-avion pour éviter les attaques de Godzilla à un fight nocturne à Hong-Kong, mettant habilement à profit les néons de la ville pour suivre les déplacements des créatures, le film use d’idées intéressantes pour mettre en avant ses deux vedettes. Sans être aussi imaginatif que le Pacific Rim de Del Toro, Godzilla Vs Kong parvient à maintenir une véritable énergie jusqu’à son impressionnant final voyant les deux monstres affronter un Mechagodzilla hors de contrôle, le véritable ennemi de ce long-métrage.

Bien entendu, avant d’en arriver là, Wingard saupoudre son film de moments se voulant dans la lignée plus aventureuse, des Kong originaux ou de Jules Verne. Malheureusement, si il nous emmène en Antarctique, sur l’île du Crâne ou bien encore la Terre Creuse, le tout n’est jamais véritablement mis en valeur autrement que par le biais de passages éclairs qui auraient mérité une exposition autrement plus importante pour offrir au film un souffle plus épique. Plus réussie, la relation entre Kong et Jia, une jeune fille muette, seule à même de calmer Kong, permet d’humaniser le grand singe à l’inverse de Godzilla davantage guidé par ses instincts animal. Caricatural oui mais utile pour bien marquer les personnalités des deux créatures.

Traînant de véritables soucis d’écriture quand il s’agit de traiter ses personnages humains, Godzilla Vs Kong s’agrippe néanmoins à son statut de blockbuster faisant de chaque joute entre les deux monstres un moment jouissif et régressif. Impressionnant et profitant d’un rythme soutenu, le film d’Adam Wingard se laisse suivre avec un plaisir coupable puisque sans atteindre la maîtrise d’un Pacific Rim, il enchaîne des scènes d’action aussi plaisantes que spectaculaires.

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Un Homme en Colère : La vengeance dans la peau

Seize ans que Jason Statham n’avait pas eu l’occasion de retravailler avec Guy Ritchie avec qui il avait signé Arnaques, Crimes et Botanique, Snatch, et Revolver. Il aura donc fallu attendre tout ce temps pour retrouver les deux compères autour de ce remake américain de l’excellent Le Convoyeur sorti en 2004. Un retour attendu pour un film qui l’était tout autant.

Bien qu’expurgé de la dimension sociale du long-métrage original, Un Homme en Colère en reprend néanmoins la base. H, autrement dit Patrick Hill (Jason Statham), se fait embaucher dans une société de transports de fonds sujette depuis quelques mois à plusieurs braquages. Cachant son passé à ses collègues, Patrick va peu à peu révéler d’étonnantes capacités une fois sur le terrain en faisant preuve d’un étonnant self-control.
Un Homme en Colère choisit de s’éloigner assez rapidement du Convoyeur, aussi bien dans sa structure que dans son ton, notamment à travers la réalisation de Guy Ritchie offrant à ce remake une dimension d’actioner absente du film de Nicolas Boukhrief, plus anxiogène dans ses thématiques, sa photo ou bien encore le personnage d’Alexandre formidablement interprété par Albert Dupontel. Exit la fragilité physique de l’homme, Ritchie troque au contraire ses hésitations contre une précision et un sang-froid à toute épreuve faisant de H un personnage constamment au-dessus de la mêlée, calculateur, redoutable, sans pitié. Un rôle taillé sur-mesure pour Jason Statham jouant de son flegme et de sa carrure d’homme fort.

Profitant d’un premier acte à la tension savamment entretenue, Un Homme en Colère échoue malheureusement à offrir suffisamment d’épaisseur à la plupart de ses rôles secondaires pourtant interprétés par des comédiens chevronnés tels Andy Garcia, Holt McCallany ou bien encore Josh Harnett incarnant le joyeux vantard Boy Sweat Dave dont le rôle aurait gagné à être bien mieux défini en amont.

Le film affiche d’ailleurs un trop-plein de personnages puisque dans sa deuxième partie, l’intrigue s’accélère en jouant sur deux tableaux à l’image de son protagoniste principal. Pour agencer le tout, Ritchie multiplie les flash-backs et délaisse son style habituel en optant pour d’amples mouvements de caméra aérienne, d’angles plus ouverts ou au contraire proches de Patrick lorsque celui-ci déambule dans la société de transport de fonds. Plus impersonnelle (à l’inverse des Sherlock Holmes, premiers films hollywoodiens de l’anglais, qui portaient sa patte), moins démonstrative, moins recherchée, la réalisation de Guy Ritchie n’en reste pas moins élégante, portée par son sujet et des personnages moins excentriques.

L’autre différence entre Un Homme en Colère et Le Convoyeur nous plonge dans le quotidien des braqueurs, ce que ne faisait jamais Boukhrief puisque tel n’était pas le propos de son film, plus intimiste et centré sur Alexandre. Alors que Patrick Hill s’avère moins complexe que son homologue français, Guy Ritchie choisit de compenser cette carence en s’attardant sur l’équipe de braqueurs, afin de les humaniser et de développer des conflits au sein du groupe. Bien que l’idée ait du sens, elle ne profite malheureusement pas d’un développement suffisant pour réellement passionner. De son côté, le rôle de Scott Eastwood, sorte d’équivalent au Waingro de Heat, aurait lui aussi gagné à être plus développé autrement que pour amener une fin différente et moins percutante que celle du film de Boukhrief.

Portée par la réalisation élégante de Guy Ritchie, Un Homme En Colère conserve une force et une tension grâce à la prestation de son acteur vedette. Construit sur les bases du film de Boukhrief, le remake en dévie rapidement à travers une sous-intrigue et un focus inédit sur les braqueurs. Si on regrette des dialogues un peu fades et qu’on aurait apprécié que les personnages secondaires soient plus développés, l’ensemble se montre séduisant dans sa noirceur et sa tension allant crescendo. Ne portant jamais vraiment la patte de son réalisateur, le film s’appuie néanmoins sur l’excellente BO de Chris Benstead et une action parfaitement orchestrée (sans atteindre les cimes du cinéma de Mann) pour assurer le spectacle.

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Louis de Funès à la Cinémathèque française : Grande expo pour petit bonhomme

Encore aujourd’hui, Louis de Funès reste le plus grand acteur comique français, souvent imité, jamais égalé. Perfectionniste, l’acteur s’investira de plus en plus au fil des années dans le choix de ses rôles, l’écriture des scénarios ou de façon plus large, dans la production de ses films. Homme de théâtre, pianiste de jazz, de ses débuts à sa rencontre fusionnelle avec Gérard Oury, l’homme aura connu une riche carrière que la Cinémathèque française nous propose de suivre à travers une exposition inversement proportionnelle à la petite taille de l’homme.

Déambuler dans les allées de l’exposition Louis de Funès fait du bien au moral ! Fermée par la pandémie de COVID-19, l’expo a rouvert ses portes le 19 mai dernier et propose une très belle rétrospective jusqu’au 01 août prochain. Afin de lui rendre hommage, La Cinémathèque a mis les petits plats dans les grands en présentant aussi bien l’homme que l’acteur à travers toutes ses facettes. L’exposition est à l’image de De Funès : grandiose, sérieuse et drôle à la fois. Replonger dans sa filmographie fait un bien fou et si on a beau connaître ses répliques cultes par cœur, difficile de ne pas rire aux éclats en revoyant certains passages de La Grande Vadrouille ou des Aventures de Rabbi Jacob. La filmographie de De Funès défie le temps avec une grâce évidente et s’avère un incroyable remède lorsque l’actualité ambiante n’est pas au beau fixe.

A travers plusieurs sections, l’exposition met ainsi en parallèle l’évolution de la France à travers des dates historiques et le succès de la carrière de l’acteur entre 1945 et 1975, sur fond des Trente glorieuses, synonymes de croissance économique et de l’augmentation du niveau de vie des Français. Reflet de cette situation sans précédent, la carrière de De Funès, de Bonniface Somnambule (1951) à La Soupe aux Choux (1981) aura été émaillée de quelques déconvenues mais aussi et surtout d’immenses succès comme La Grande Vadrouille (17,28 millions de spectateurs), Le Corniaud (11,74 millions) ou bien encore Le Gendarme de Saint-Tropez (7,8 millions). C’est par le biais de nombreuses lettres et notes manuscrites, photos et accessoires de tournage (originaux et reproductions), costumes, story-boards et bien entendu, de multiples extraits et interviews, que l’exposition dresse un savoureux portrait de celui dont la notoriété aurait largement dépassé les frontières de l’Hexagone. On appréciera ce voyage dans le temps représentatif d’une certaine époque à travers des publicités un brin machistes, un poste de télévision des plus vintages ou du mobilier Seventies des plus bigarrés.

Que ce soit à travers un écran tactile permettant d’afficher l’impressionnante palette d’expressions faciales de De Funès, certains objets personnels démontrant son amour absolu pour la comédie et plus particulièrement Laurel et Hardy ou Charlie Chaplin, plusieurs photos de son enfance, l’exposition prend également le temps pour dresser le portrait de l’homme aussi facétieux à l’écran que perfectionniste dans son travail au point «de faire peur» à certains producteurs et acteurs en devenant toujours plus pointilleux et en s’intéressant à tous les aspects de ses films. On le comprend car Louis de Funès aura dû batailler pour parvenir au sommet et passer à un nom parmi tant d’autres, qui plus est mal orthographié, en 1950 dans l’annuaire professionnel, à une pleine page avec photo, en 1954.

S’étalant sur une large surface permettant de déambuler à son aise, n’ayant jamais cet aspect étouffant que peuvent avoir certaines expositions, celle de La Cinémathèque française choisit intelligemment les objets présentés, des plus populaires (une partie de la voiture de Fantômas, la fausse barbe de Rabbi Jacob, le costume de Jacques Villeret dans La Soupe aux Choux) à ceux moins connus. Saviez-vous par exemple que les pièces de la cassette de l’Avare étaient frappées à l’effigie à l’acteur ? Qu’une BD de Lucky Luke présentait un personnage, portrait craché de De Funès ? Que vous le sachiez ou non, cette exposition sera le moyen idéal de se le remémorer ou de le découvrir en survolant une vie, personnelle comme professionnelle, aussi remplie et entièrement dédiée à l’humour. Une invitation qui ne se refuse pas.

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Final Fantasy VII Remake INTERmission – DLC jazzy pour une Yuffie pleine d’énergie

Bonus à l’attention des possesseurs de PS5, INTERmission accompagne l’arrivée du titre de Square Enix dans sa version Intergrade qui profite notamment du 60fps et d’effets visuels améliorés. Court, ce DLC n’en reste pas moins un morceau de choix en faisant intervenir la jeune shinobi du Wutaï en parallèle de l’histoire originale.

Profitant de l’engouement des joueurs avides de se replonger dans l’univers de Final Fantasy VII Remake, INTERmission semblait n’être qu’une virgule dans l’histoire de ce jeu maintes fois fantasmés par les fans. L’introduction semble d’ailleurs nous donner raison puisque passée la joie de retrouver l’exubérante demoiselle, les premiers instants suivent une construction linéaire en nous faisant repasser par des environnements du Secteur 7, certes inédits, mais offrant une énorme impression de déjà-vu. Dans sa progression, INTERmission n’innove nullement et propose une trame basée sur deux chapitres (à Midgard et dans la Tour Shinra) ainsi que quelques quêtes annexes pour gonfler sa durée de vie n’excédant pas six heures.

Pensée autour de la nature enjouée de Yuffie (qui pourra sans doute en épuiser et agacer certain(e)s), INTERmission suit la quête de la shinobi à la recherche de l’ultime materia tapie dans les sous-sols de la Shinra. Prétexte, le scénario permet de faire intervenir des personnages inédits à commencer par Sonon Kusakabe, guerrier entraîné par le père de Yuffie et sorte de contrepoids à l’adolescente de par un sérieux inébranlable. Alors que le duo fonctionne très bien grâce à leurs personnalités complémentaires, l’association des deux héros fait également des étincelles en pleine action.

Bâti sur les excellentes bases du jeu original, le système de combat prend parfaitement en compte la nature de ses personnages et permet à INTERmission de disposer d’affrontements incroyablement dynamiques et tactiques à la fois.

Bien qu’il ne soit pas possible d’incarner directement Sonon, le fait de choisir ses actions et de pouvoir effectuer des attaques combinées avec lui insuffle un véritable mordant aux joutes d’autant que les Limit Break de Yuffie allient puissance et rapidité à l’image de l’ensemble de ses compétences. La ninja pouvant alterner combat à distance et au corps à corps, on s’amusera à expérimenter les différentes combinaisons avec Sonon tout en exploitant les faiblesses des adversaires pour rechercher le Choc et ainsi en finir rapidement.

Sur ce point, rien à redire d’autant que le bestiaire s’enrichit de quelques ennemis supplémentaires, de boss impressionnants et d’un Esper supplémentaire, autrement dit Ramuh, plus puissant que jamais.

Atténuant quelque peu l’aspect redondant des phases d’exploration à l’aide de quelques «énigmes» nous demandant d’observer notre environnement pour déclencher divers mécanismes ou de passages de rapidité basés sur le lancer de shurikens afin de détruire des boîtes recelant items et autres équipements, INTERmission se distingue surtout par sa bande-son dynamique. Si celle de l’original reprenait les compositions de Nobuo Uematsu de l’époque, à travers de magnifiques réinterprétations orchestrales, ce contenu fait le choix judicieux d’opter pour des musiques rythmant continuellement exploration comme action via des morceaux plus pêchus oscillant entre hard rock et jazz. Evoquant par moments le travail de Yoko Kanno dans Cowboy Bebop, l’OST offre à ce DLC un aspect plus détendu et insouciant à l’image de son espiègle héroïne. Une idée brillante lui insufflant, avec son action plus frénétique, une personnalité propre.

On saluera enfin le mini jeu de Fort Condor, simple en apparence mais plus malin qu’il n’y paraît, à l’instar du système de combat. Vous aurez ainsi rapidement la possibilité d’affronter, à l’aide d’une sorte de jeu de stratégie, plusieurs adversaires dans le Secteur 7 afin de récolter des jetons qui vous permettront d’obtenir des items intéressants. Dans l’absolu, rien de compliqué puisque après avoir choisi vos unités (Attaque, Défense, Aérien…), vous devrez bouger vos pièces, tributaires d’une jauge ATB, pour aller détruire trois piliers dans le camp adverse, l’ennemi faisant bien entendu de même. Les retournements de situation étant nombreux, vous devrez prendre en compte le plateau de jeu de votre adversaire (visible dès le départ) pour choisir vos unités dont la puissance est basée sur le principe du Pierre/Feuille/ Ciseaux et user à bon escient des deux materias, à usage unique. Le jeu incitant à attaquer, il faudra donc faire attention aux combattants que vous pourrez faire apparaître sur la zone tout en essayant de déployer des unités de défense pour protéger votre camp. Très bien pensé et plutôt prenant, sans avoir la profondeur d’un Triple Triad, Fort Condor est un bonus agréable offrant quelques aérations à un cheminement classique.

Dynamique, améliorant le système de combat de l’original, intégrant nouvelles créatures et personnages inédits, Final Fantasy VII Remake INTERmission se montre un excellent DLC, sans doute un peu court et classique dans sa structure, mais représentant parfaitement sa jeune héroïne. Ne se prenant nullement au sérieux et profitant d’une fantastique bande-son jazzy, ce contenu s’avère être un bonus de qualité dont il serait dommage de passer à côté.

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Dragon Ball Z Kakarot : Le Guerrier de l’Espoir – Un voyage dans le temps qui s’impose ?

Troisième et dernier contenu dédié à Dragon Ball Z Kakarot, Le Guerrier de l’Espoir était le plus attendu, ne serait-ce que grâce à la popularité du chapitre dont il s’inspire, L’Histoire de Trunks. C’est donc avec cet arc culte que se clôt ce season pass et si on était en droit d’espérer un véritable feu d’artifice final, le tout a plutôt des allures de pétard mouillé.

Bien que profitant d’un véritable scénario à l’inverse des deux précédents contenus qui ne faisaient que mollement rebondir sur les films Battle of Gods et La Résurrection de ‘F’, Le Guerrier de l’Espoir dispose d’un chapitre du manga certes très court mais oh combien populaire auprès des fans. Problème : comment étirer le récit afin d’offrir aux joueurs une durée de vie honorable qui, malgré tout n’excède pas ici les trois heures de jeu ? Le plus simplement du monde : en rajoutant, à l’instar du jeu de base, des quêtes annexes, six pour être exact. Malheureusement, comme on pouvait l’imaginer, celles-ci font preuve d’un flagrant manque d’originalité et nous demanderont le plus souvent d’aller récupérer un objet et de le ramener à un autre endroit, le tout étant émaillé de combats et d’insupportables loadings entre les zones.

Restait donc l’histoire en elle-même nous permettant d’incarner le jeune Trunks mais aussi son mentor, Son Gohan, dans un futur proche où les cyborgs C-17 et C-18 ont ravagé la Terre puis éliminé la clique de Son Gokû qui a lui-même succombé à une maladie de cœur. Pas très heureux mais c’est justement ce ton plus sinistre qui donnait à ce passage toute sa saveur. Alors qu’on retrouve ici l’ensemble des séquences importantes du manga/anime, la progression s’enlise dans une accumulation de mauvaises idées à commencer par l’entraînement avec Son Gohan qu’on devra se taper non pas une, ni deux mais trois fois ! On notera également le choix discutable de barder en début d’aventure le ciel de la Capitale de l’Ouest de drones de sécurité qu’il faudra détruire avant d’être repéré sous peine de devoir combattre les deux cyborgs qu’on affronte déjà à plusieurs reprises en suivant la quête principale. Bien qu’on puisse récupérer diverses ressources (nous servant elles-mêmes à acheter des objets spécifiques comme des recettes ou des items de soin) en détruisant lesdits drones, la méthode nous demandant de passer en vue subjective pour leur tirer dessus devient tellement lassante qu’on laissera vite tomber pour foncer à notre objectif avant que les robots ne puissent sonner l’alerte.

Comme je le disais, il ne vous faudra pas plus de trois heures pour boucler ce contenu à moins que vous ne butiez sur certains affrontements qui, il est vrai, peuvent s’avérer parfois frustrants. On pensera ici à celui entre Son Gohan, alors manchot, et les deux cyborgs, inutilement long et peu passionnant malgré l’énergie qui caractérise les rixes. Les deux androïdes n’ayant pas leur pareil pour attaquer en même temps, vous serez constamment ennuyé par l’un pendant que vous frapperez l’autre et devrez alors alterner frappe, blocage et contre-attaque. Mieux vaudra également avoir une bonne réserve d’items de soin sous peine de passer un sale quart d’heure, du moins en Normal. L’autre méthode consistera à faire du leveling mais le tout étant plutôt fastidieux, on préférera simplement atteindre le niveau recommandé puis croiser les doigts pour que ça passe, surtout en n’oubliant pas sa garde, primordiale pour s’en sortir.

En somme, tout comme le jeu original se basant principalement sur son fan service, la méticuleuse fidélité de ses cinématiques à l’anime et les musiques originales, ce troisième contenu ne fait que mettre en avant l’aspect ludique très relatif du jeu et ce malgré des combats nerveux et simples à prendre en main. Bien entendu, la joie de (re)vivre ces moments qui nous ont tous plus ou moins marqués est encore là mais nous aurions aimé être surpris par la richesse de ce RPG aussi référentiel que paresseux. Sur ce point, CyberConnect2 ne nous déçoit pas avec ce DLC puisque exception faite de la Capitale de L’Ouest en friches, on a simplement le droit à l’intérieur d’un mini sous-marin aux abords de l’île de Tortue Géniale et au sous-sol de Capsule Corp., dans lequel s’est retranchée Bulma, en guise de nouveaux décors. Fidélité clameront les plus cléments, sauf qu’il est parfois difficile de totalement masquer un manque cruel d’entrain et d’ambition, même derrière des cinématiques, aussi travaillées soient-elles.

Reconnaissons tout de même un bonus sympathique synonyme d’un scénario inédit et alternatif après avoir terminé l’aventure principale. Il sera en effet possible de rejoindre Kaio Shin et Kibito au Royaume des dieux pour un entrainement en vue d’un affrontement contre Dabra. Bien que très court et reprenant grosso modo les événements vus dans l’anime lors de l’entrainement de Son Gohan, ce scénario a toutefois le mérite de proposer un combat particulièrement intense, Dabra mettant généralement une grosse pression en enchaînant les attaques ou en usant de puissants combos. Un petit cadeau bien cool mais ne masquant pas vraiment les carences de ce contenu des plus redondants.

Terminant son parcours comme il l’avait débuté, Dragon Ball Z Kakarot se retranche derrière une grosse louche de fan service sans pour autant soigner son univers. Il est au final aussi excitant de revivre les événements de L’Histoire de Trunks, à travers certains combats et ses cinématiques, qu’il est désespérant de voir à quel point les développeurs japonais ont traité le fond de leur jeu avec une certaine désinvolture.

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The Conjuring : Sous l’Emprise du Diable – The Devil’s Project

Après avoir redoré le genre horrifique à l’ancienne après des années de Found Footage, The Conjuring nous aura offert une suite efficace, suivie par plusieurs spin-off des plus dispensables. Troquant sa place de réalisateur contre celle de producteur, James Wan passe les rennes à Michael Chaves (le peu reluisant La Malédiction de la Dame Blanche) tout en s’occupant du scénario ici aussi inspiré d’une des affaires des époux Warren. Cependant, la sacro-sainte maison hantée laisse cette fois sa place à une enquête policière permettant à la saga d’explorer d’autres horizons à défaut d’engendrer de véritables frissons.

C’est sous couvert du très médiatique procès d’Arne Cheyenne Johnson qui avait plaidé la possession démoniaque en 1981 que débute ce nouveau volet de The Conjuring, par le biais d’un éprouvant exorcisme dont tout va découler. Citant au détour d’un plan l’Exorciste de William Friedkin, The Conjuring : Sous L’Emprise du Diable n’en possède malheureusement pas l’atmosphère suffocante. Trop occupée à reproduire l’esthétique léchée du premier film, l’introduction peine à convaincre tant dans sa thématique vue et revue, que la séquence d’exorcisme, relativement efficace sans pour autant provoquer l’effroi recherché.

La suite s’avère toutefois plus originale puisque s’articulant non plus autour du concept de maison hantée mais à travers une enquête qui demandera aux Warren de prouver que le jeune Arne était à son tour possédé et donc non responsable de plusieurs meurtres qu’on lui attribue. Intéressante, l’idée permet de confronter le couple à la Justice américaine, prompte à faire jurer ses témoins sur la Bible mais bien plus sceptique lorsqu’on évoque la possession démoniaque. Malheureusement, là où il y avait matière à creuser la chose, Chaves et Wan semblent faire volte-face en plein milieu de l’intrigue en revenant à une structure plus convenue prompte à aligner les jump-scares (moyennement efficaces) aux dépens de son sujet principal.

Frustrant d’autant qu’en hésitant entre les deux approches, le film se montre moins anxiogène en diluant notamment le sentiment d’oppression et d’enfermement, principal générateur de sensations fortes et d’étouffement des précédents épisodes. Ce ressenti se verra renforcé par la réalisation de Chaves, élégante et privilégiant les amples mouvements aériens de caméra quand il s’agit de suivre ses personnages, mais bien moins inspirée lorsqu’il s’agit de faire grimper le trouillomètre. Servi par la très belle photo de Michael Burgess (Annabelle : La Maison du Mal), The Conjuring : Sous L’Emprise du Diable se montre aussi raffiné que peu inventif dans ses mécaniques (abusant du champ-contrechamp) quand il s’agit de générer des frissons et ce, malgré plusieurs emprunts au cinéma de genre à commencer par le Conjuring de James Wan.

Oscillant constamment entre le film d’horreur qu’il cherche à être et son envie de proposer une histoire plus proche des époux Warren en les présentant plus humains, plus fragiles, ce nouveau volet se retrouve souvent pris au piège par ses hésitations et son envie tardive de revenir aux fondamentaux de la saga. Ne pouvant se reposer sur une figure horrifique forte (à l’image de la Nonne ou du Crooked Man de The Conjuring 2), le tout perd peu à peu de sa force d’autant que l’aspect rural de Brookfield, qui aurait pu donner une tonalité différente au long-métrage, n’est jamais véritablement mis en avant autrement que lors d’une scène en forêt partant d’une idée intéressante mixant présent et passé mais platement mise en scène.

Correctement emballé par Michael Chaves qui soigne son cadre et sa photo, soutenu par ses acteurs livrant une excellente prestation, ce troisième The Conjuring s’avère malheureusement moins efficace quand il s’agit de faire frissonner. Ne cherchant pas à développer son sujet plus que de raison, Sous l’Emprise du Diable se montre quelque peu frileux, au point de revenir à une progression plus classique en plein milieu de parcours. Etirant son récit jusqu’à diluer tension comme attention, ce nouveau The Conjuring aurait sans doute gagné à creuser l’aspect judiciaire et à assumer son parti-pris initial afin de se démarquer de ses aînés dont il est voué à rester dans l’ombre.

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Immortals Fenyx Rising : Les Dieux Perdus – Une approche hack ‘n’ slash qui a du sens ?

Après un premier DLC entièrement pensé autour de ses puzzles (et une difficulté parfois rebutante), un deuxième se déroulant dans l’univers oriental, Immortals Fenyx Rising opte pour une approche hack ‘n’ slash avec ce troisième contenu additionnel. Une idée intéressante mais pas toujours très probante car construite sur une structure de jeu n’ayant pas été pensée pour ça à la base.


Proposer une déclinaison hack ‘n’ slash de Immortals Fenyx Rising pourrait sembler incongru à première vue bien que le jeu original ait une composante action très poussée. Après quelques heures de jeu, force est de reconnaître que l’idée a du sens d’autant qu’elle permet d’incarner une nouvelle héroïne, Ash, qui va faire équipe avec Fenyx, protecteur avisé promulguant conseils et bonne humeur depuis l’Olympe où il a gagné sa place auprès des dieux. Et justement, en parlant de dieux, Ash va devoir parcourir l’île de Pyrite, elle aussi composée de trois biomes différents synonyme d’autant de parcelles à écumer, pour trouver plusieurs déités afin de les réunir pour combattre une nouvelle menace. Hades, Déméter, Borée, Poséidon, chacun de ces nouveaux dieux vous offrira des capacités qui progressivement vous permettront d’avancer de plus en plus loin et de résoudre des puzzles de plus en plus complexes. Un cheminement classique mais pas désagréable d’autant qu’on profite de quelques pouvoirs inédits. Rien de bien original mais suffisant pour être noté à l’instar des quelques nouvelles créatures peuplant le bestiaire.


Disposant d’une narration dans la droite lignée de celle du jeu original, le tout se veut un brin plus subtil en délaissant notamment l’humour lourdingue et graveleux de Zeus pour des nouveaux dieux aux tempéraments tout aussi marqués, mais profitant de dialogues bien plus drôles.

Entre un Borée peu sûr de lui, un Poséidon narcissique au possible ou une Déméter soucieuse de son environnement, les scénaristes nous proposent un scénario convenu, mais sympathique à suivre ne serait ce que grâce à la personnalité énergique d’Ash et dont les échanges avec Fenyx apportent une petite touche de fraîcheur supplémentaire.

Bien que le scénario soit efficace et qu’on s’attache rapidement au personnage central, on déplore tout de même assez rapidement les limites de ce DLC d’un point de vue de la jouabilité. En effet, avec cette caméra aérienne ne permettant pas un déplacement de l’axe vertical, on est souvent face à des soucis de visibilité lors de sauts, ceci pouvant s’avérer problématique lors de certains puzzles demandant un peu d’anticipation afin d’éviter les pièges. Même son de cloche lors de combats dans des zones fermées, entourées de murs masquant parfois l’action et rendant les affrontements très frustrants. Certes, dans ce cas, les contours de notre personnage nous aideront à localiser Ash, mais dans les faits, ce n’est pas aussi probant qu’on l’aurait souhaité et il sera fréquent qu’on meurt à cause d’une attaque que nous n’avons tout simplement pas vu lors d’une rotation de caméra, paradoxalement, pour mieux appréhender ce qui se déroule sous nos yeux.

Si tout ceci est moins vrai en extérieurs, on dénote toutefois deux problèmes, eux aussi liés à la visibilité de l’action. Le premier vient du fait que nos adversaires nous aperçoivent de loin et qu’il est donc fréquent qu’on ne puisse pas encore leur tirer dessus (même avec l’arc) alors qu’ils nous attaquent déjà à distance. Ensuite, la profusion d’ennemis à l’écran est telle qu’il est souvent difficile de savoir où on se trouve. Ici aussi, on finira par s’y faire en prenant la tangente puis en revenant dans le feu de l’action en usant de nos pouvoirs pour éclaircir les rangs, mais pendant plus de 20 heures, cette technique finit par user. Pour nous aider dans notre tâche, on devra alors prendre son temps pour maîtriser le système de jeu nous demander de récupérer des matériaux disséminés un peu partout de même que des essences généralement lâchées par les montres. Les premiers, vous permettront, via des autels, d’améliorer votre équipement, de guérir Ash, d’acheter des Continues, de sauvegarder ou bien encore de réaliser des miracles pour pouvoir franchir des obstacles. Les secondes, de plusieurs types, pourront être attachées à nos capacités pour améliorer notre santé, notre énergie ou tout simplement nos compétences. Bien que le système s’avère complexe de prime abord, notamment à cause d’une profusion d’essences de même nature, le tout se montre finalement simple à maîtriser une fois qu’on a compris que deux essences similaires n’ont pas le même effet en fonction de la compétence à laquelle elles sont attachées. Libre à vous d’expérimenter diverses combinaisons afin de vous rendre la vie plus facile, même s’il est utile de rappeler que ces atouts passifs ne seront pas associés à l’utilisation des compétences auxquelles elles sont liées.

Au final, Les Dieux Perdus témoigne d’une volonté de proposer autre chose sans avoir toutefois de quoi le faire parfaitement. Néanmoins, ce troisième DLC dispose de suffisamment de qualités pour qu’on se laisse happer une fois de plus. Manquant de puzzles à la hauteur de ceux des autres contenus, s’enfermant souvent dans une action brouillonne, le titre nous demandera également de dompter le système de jeu pour nous rendre la vie plus facile et l’aventure plus agréable. Un point essentiel pour profiter comme il se doit de ce hack ‘n’ slash.

Dénotant d’une idée pour le moins originale, Immortals Fenyx Rising : Les Dieux Perdus doit très souvent faire face à des soucis de caméra ou une difficulté mal gérée ayant pour conséquence de rapidement agacer le joueur. Pourtant, avec sa solide durée de vie avoisinant la vingtaine d’heures, le duo Ash/Fenyx qui fonctionne à merveille et certains combats épiques, ce dernier contenu tire son épingle du jeu malgré des énigmes un peu moins poussées et plusieurs problèmes de gameplay. Rien de bloquant en somme surtout si vous n’avez rien contre une déclinaison hack ‘n’ slash du jeu de base dont l’univers se prête plutôt bien à cet exercice de style.

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Friends The Reunion : Une bouffée de nostalgie et d’émotion

Madeleine de Proust pour toute une génération, Friends aura égayé le quotidien de millions de personnes durant 10 ans grâce à son écriture, son humour et ses six interprètes principaux. Retrouver l’ensemble des comédiens et comédiennes 17 ans après le dernier épisode avait donc des allures de mission impossible jusqu’à cette Reunion aussi dispensable dans tout ce qu’elle a de plus hollywoodien qu’émouvante et très touchante dans ce qu’elle a de plus personnel.

Réaliser une rencontre longtemps désirée par les fans, préparée de longue date par HBO à grands coups de dollars (entre 2,5 et 3 millions par acteur d’après certaines rumeurs) et faire en sorte qu’elle soit le plus naturel possible semblait relever de la véritable gageure. C’était sans compter le savoir-faire américain quand il s’agit de proposer grand spectacle et moments plus intimistes afin de nous décocher à intervalles réguliers rires et larmichettes. A ce p’tit jeu, il faut avouer que malgré quelques écueils, Friends : The Reunion met dans le mille. Revoir les six acteurs, profiter de leur complicité retrouvée malgré les années qui les ont séparés est touchant, surtout lorsqu’on pense à Matthew Perry, plus en retrait et qui a parcouru un véritable chemin de croix depuis plusieurs années pour lutter contre ses addictions. Retrouver nos six ami(e)s témoigne donc de l’importance du show dans nos vies qui, tout au long de ses 236 épisodes, nous aura régalé à travers ses situations cocasses, tendres et tristes à l’image de celle de fin, déchirante à plus d’un titre et ouvrant d’ailleurs cette Reunion.

Pendant 1h45, Jennifer Aniston, Courteney Cox, Lisa Kudrow, Matt LeBlanc, Matthew Perry et David Schwimmer ravivent notre mémoire en évoluant dans les décors de la série, en rejouant certains dialogues d’anciens épisodes ou en confiant diverses anecdotes comme le flirt entre David et Jennifer lors de la Saison 01. Un régal même si on se serait bien passé de la partie «show» présidée par James Corden (The Late Late Show), trop scriptée et donc forcément plus fausse. Mais là où certains moments passent moins bien, à l’image du quizz, trop préparé voire millimétré afin de faire intervenir au bon moment musiciens et anciens acteurs (dont Tom Selleck), ce sont surtout ces passages où les six se retrouvent qui sont les plus précieux.

Profiter de l’énergie de Jennifer Aniston et David Schwimmer, de la bonne humeur constante de Matt LeBlanc, véritable «papa» du groupe, fait du bien, d’autant que les archives filmées et autres bêtisiers viennent compléter astucieusement certains souvenirs. Etre témoin des fails des acteurs, des blagues de Matthew Perry ou de la fraîcheur de Lisa Kudrow, dont le rire est toujours aussi communicatif, offre à l’ensemble une réjouissante ambiance de retrouvailles. C’est pour toutes ces raisons qu’on passera poliment sur le défilé un brin too much et principalement pensé pour faire venir quelques guests comme Cindy Crawford, Justin Bieber ou Cara Delevingne ou bien encore le duo entre Lisa Kudrow et Lady Gaga. En somme, la plupart des moments où les six acteurs n’étaient plus simplement entre eux, ce qui en dit long sur le rapport qu’on peut avoir avec eux ou du moins leurs personnages qu’on a tous plus ou moins considérés un jour, même le temps d’un épisode, comme des potes à même de nous remonter le moral quand on avait besoin d’un coup de boost.

Moins convaincante dans ce qu’elle a de plus préparée, Friends : The Reunion est malgré tout le témoin d’une vraie alchimie unissant ces six acteurs qui ont vécu ensemble pendant dix ans. Drôle et très émouvant dans ses moments les plus personnels, le show nous renvoie au temps qui passe mais aussi et surtout à l’importance qu’a eu Friends dans la vie des personnes qui ont un jour croisé sa route. On lui pardonnera donc sans hésiter ses instants les plus factices pour savourer chaque minute de ces retrouvailles, revoir avec plaisir ces gags toujours aussi drôles bien qu’on les connaisse par cœur, ou tout simplement rire une toute dernière fois en compagnie de ces acteurs avant de refermer définitivement cet album de famille.