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Shangri-La Frontier (T01) : New challenger is coming

S’inscrivant dans une longue liste de mangas s’étant intéressés au jeu vidéo, à leurs univers ainsi qu’à leurs joueurs, Shangri-La Frontier leur embraye le pas en ne souhaitant pas nécessairement réinventer la roue. Pour autant, ce premier tome montre déjà une excellente maîtrise du sujet et une exécution graphique des plus plaisantes.

Débutant de façon somme toute classique, ce premier volume nous présente le bien nommé Sunraku, passionné de jeux vidéo mal finis, au gameplay maladroit et au game design inexistant, en somme : des belles bouses. Accro à ces titres buggés, l’adolescent passe son temps à acheter les pires jeux qu’il puisse trouver avec comme objectif de les terminer en contournant tous leurs soucis de conception. Un jour, alors qu’il vient de terminer un énième titre sans intérêt, sa route croise celle du MMORPG Shangri-La  Frontier, titre plébiscité par plus de 30 millions de membres. Va alors commencer une nouvelle aventure virtuelle pour le jeune homme qui devra mettre à profit les talents acquis après avoir déjoué les pièges de centaines de jeux finis à la va-vite.

Ce premier tome de Shangri-La Frontier ne perd pas une seule seconde et, à peine a-t-on le temps de faire la connaissance de Sunraku, qu’il est déjà à pied d’oeuvre dans le MMORPG en découvrant petit à petit les rouages du gameplay. Une très bonne chose permettant au titre de nous immerger dès les premières pages dans ce monde rempli de gobelins, gigantesques serpents ou de PNJ à l’IA des plus développées. En parallèle, le scénariste Katarina a eu la bonne idée d’expliquer les termes techniques pour les néophytes et d’intégrer, à l’image du manga Versus Fighting Story, un guide pour expliquer les rouages du jeu et ce qui le constitue. D’ailleurs, au rayon des bonus, on citera également en fin de volume une nouvelle se déroulant avant les événements du manga ainsi qu’un aperçu du prochain tome. Fort appréciable.

Concernant l’histoire en elle-même, comme je le disais, l’ensemble s’avère très convenu mais son rythme associé au dessin très dynamique de Ryosuke Fuji (L’Attaque des Titans : Lost Girl) procurent un plaisir de lecture bien réel. Notons que si vous êtes joueurs, nombre de passages devraient grandement vous parler, de la création d’avatar au dispatch des points de compétence sans oublier les premiers combats contre des ennemis faiblards pour engranger facilement de l’EXP ou bien encore la rencontre avec le premier boss. Qu’on aime ou non les genres du MMO ou du RPG, Shangri-La Frontier sait parler à notre fibre de gamer et c’est donc tout naturellement qu’on suit Sunraku dans ses pérégrinations qui le mèneront rapidement à rencontrer l’une des Sept suprêmes, autrement dit des monstres uniques surpuissants, cibles des guildes de Top players. D’ailleurs, cette première rencontre débouchera sur un élément ici aussi assez commun pour un shonen mais conférant au héros une aura plus impressionnante qui devrait bien entendu déboucher sur une évolution rapide de ses capacités.

De fait, on se retrouve vite en terrain connu et si les personnages secondaires sont assez limités dans ce volume (qui privilégie encore une fois les phases de levelling de Sunraku, la découverte du MMO ainsi que les rudiments régissant le genre), certains d’entre-eux, intégrés fugacement mais bien entendu des plus classes, devraient également prendre de l’ampleur dans les volumes suivants. Amis ou ennemis ? Seul l’avenir nous le dira.

Pour l’heure, la place laissée à l’action l’emporte et ces premières planches regorgent d’affrontements très bien mis en scène, dynamiques, lisibles et mettant en avant les connaissances du héros, dont l’équipement rudimentaire (un simple short et un masque d’oiseau) s’avère inversement proportionnel à ses capacités en combat et sa connaissance des jeux vidéo.

A ce titre, signalons que l’ambiance reste légère, même si on aurait apprécié un peu plus d’humour, et que les dernières planches nous convient à une rapide excursion dans une partie cachée du jeu plutôt savoureuse d’où Sunraku devrait ressortir encore plus puissant.

Sans atteindre la qualité d’un Outlaw Players, Shangri-La Frontier a donc de sacrés arguments en sa faveur et on attend désormais avec grande impatience le prochain volume afin de vérifier si les auteurs auront suffisamment d’idées pour varier leur récit (notamment en alternant un peu plus entre le monde réel et virtuel) tout en conservant l’excellent dynamisme de ce Tome 01.

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OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire – L’espion qui ramait

Douze ans qu’Hubert Bonisseur de Labath n’avait pas donné de nouvelles. Douze ans à espérer le retour de ce pastiche de James Bond aussi à l’aise pour balancer une manchette qu’une vanne toujours à la limite du bon goût. Son retour était attendu mais au final, force est de constater que l’espion a perdu de sa superbe, autant dans son assurance que dans sa capacité à faire rire.

Le constat est sans appel, OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire ne tient jamais vraiment la comparaison avec les deux films de Michel Hazanavicius. On pourra en premier lieu arguer du fait que le changement de réalisateur explique cet état de faits. D’un certain côté, ce serait la solution de facilité sauf que la réalisation de Nicolas Bedos s’avère classique mais suffisante pour cette comédie d’action davantage mue par ses punchlines et ses traits d’humour que sa mise en scène. Pour autant, le vrai problème vient de son scénario derrière lequel on retrouve pourtant Jean-François Halin, déjà à l’oeuvre sur les deux précédentes aventures d’OSS 117.

Troquant les années 60/70 pour les années 80, le film met en scène un OSS semblant avoir perdu son «mojo». Bien que le scénario s’en amuse en le confrontant notamment au sémillant personnage campé par Pierre Niney représentant la nouvelle génération d’agents, plus actuelle et tout aussi létale, l’ensemble s’avère moins percutant et surtout moins inspiré, au point de répéter plusieurs fois la même blague sur l’impuissance d’OSS en l’espace d’une heure. Certes, on y trouve de bonnes idées (la blague de Tintin au Congo, l’intégration d’OSS au service informatique, certains gags de situation fortement aidés par l’interprétation de Jean Dujardin, toujours aussi à l’aise dans le rôle) mais la longueur excessive du long-métrage (plus de 2h) ne l’aide pas et produit un sentiment de lassitude au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue. Paradoxal d’autant que cet opus s’inscrit davantage dans une relecture humoristique de James Bond, de son générique singeant ceux que de Maurice Binder, à certaines de ses scènes d’action.

On pourra également être décontenancé par le politiquement incorrect de cet opus, non pas dans sa propension à aligner blagues sexistes et racistes à une époque où le moindre débordement est mis au pilori, mais dans sa façon de l’amener. En effet, là où les précédents films se moquaient ouvertement de OSS à travers ses nombreux abus, la nature raciste, macho et ostentatoire de l’agent, Alerte Rouge en Afrique Noire offre à son personnage principal davantage de conscience de ce qu’il doit dire et faire. De facto, ses réactions, réflexions et autres écarts prennent une tournure différente, du moins pour le spectateur, en ne réussissant jamais à provoquer de véritables rires francs.

Saupoudrant l’ensemble de quelques clins d’oeil aux films précédents, qui ne parviennent qu’à nous rappeler à quel point ils étaient plus drôles et mieux construits, Alerte Rouge en Afrique Noire s’enlise dans son intrigue en ne parvenant que rarement à se renouveler. Ironiquement, le personnage de OSS 1001, censé dynamiser le tout, empêche le film de pleinement s’émanciper comme il aurait pu, la faute à une écriture banale et sans surprise. Reste donc un opus distillant quelques moments savoureux et un certain exotisme mais ne cherchant jamais vraiment à creuser sa matière première en préférant faire de ses personnages des sortes de fac-similés de ce qu’ils étaient précédemment.

Guère aidé par une écriture jamais à la hauteur de celles des épisodes précédents et certains personnages peu utiles, OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire s’empêtre dans une succession de gags redondants et une caractérisation maladroite d’OSS. Se présentant davantage comme un personnage plus soucieux de son image que l’insupportable mais irrésistible agent imbus de lui-même qu’il était autrefois, il est ici plus difficile de pleinement l’accompagner dans ses excès. Moins drôle, percutant et inspiré que ses prédécesseurs, ce nouvel OSS peine à retrouver la magie des deux précédents films et devra se contenter d’une intrigue s’étirant en longueur et n’arrivant que difficilement à provoquer quelques sourires, parfois gênés, à défaut de véritables éclats de rire.

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Resident Evil : Infinite Darkness S01 – Une série à croquer ?

Bien que Resident Evil ait depuis très longtemps cédé aux sirènes du cross media à travers quantité d’adaptations, la saga horrifique de Capcom n’avait jamais eu le droit aux honneurs d’une série d’animation. C’est désormais chose faite grâce à Netflix même si dans le cas présent, on aurait pu s’en passer.

Disons le tout de go, alors que Resident Evil : Infinite Darkness tente de s’adresser aussi bien aux fans qu’aux profanes, aucun des publics visés ne s’y retrouvera vraiment. La série de TMS Entertainment et Quebico accumule tellement de poncifs qu’elle réussit l’exploit de n’être qu’une sorte de parodie ringarde de l’univers du jeu de Capcom en se basant sur l’un de ses points faibles, son scénario. Ce dernier fait état d’une cyber-attaque à la Maison Blanche à la suite de quoi, le Président des Etats-Unis fait à nouveau appel à Leon S. Kennedy pour enquêter et savoir d’où provient le problème. L’ensemble n’étant composé que de quatre épisodes de 25 minutes, Leon ne tarde pas à faire la rencontre de Claire Redfield (comme le monde est bien fait), membre de l’ONG TerraSave. Très rapidement, ils vont se mettre en quête de vérité qui fera état, oh surprise, d’un complot et d’expérimentations diverses.

Le principal problème du scénario d’Infinite Darkness ne vient pas tant du fait qu’il tente de se situer à la croisée des chemins du film de guerre et du thriller mais bel et bien de son envie de traiter son sujet le plus sérieusement possible en n’assumant jamais le côté «nanaresque» de son intrigue à l’inverse des précédents films en CGI. Guère aidé par une écriture désarmante de médiocrité, le tout en devient involontairement drôle et kitsch. Certains dialogues (notamment entre Leon et Jason, ancien militaire traumatisé par son passé et depuis mandaté par la Maison Blanche) accumulent les lourdeurs, qui plus est renforcées par une musique symphonique, les flash-backs de Shen May (elle aussi agent fédéral) sont mal amenés et ne permettent jamais d’offrir une quelconque épaisseur au personnage voué à n’être que le pâle reflet d’Ada Wong, et Claire Redfield est si effacée que la série aurait aisément pu se passer d’elle. D’ailleurs, son traitement devrait agacer plus d’un fan puisque qu’après nous l’avoir présenté comme le pendant féminin de Leon dans Resident Evil 2, la femme forte devient ici une sorte de fantôme survolant le show jusqu’à moment où, piégée et incapable de faire un saut de plus d’un mètre pour s’en sortir, elle devra patiemment attendre que le beau mister Kennedy vienne la sauver.

Inintéressant, prévisible et manquant de dramaturgie, le scénario n’en oublie pas pour autant d’incorporer quelques clins d’oeils aux fans ainsi que diverses scènes d’action pour maintenir un certain rythme. Malheureusement, ces dernières doivent composer avec une animation très inégale (ou, au choix, totalement dépassée) ainsi qu’une réalisation n’étant jamais au niveau de celle d’un Degeneration/Damnation/Vendetta. Eiichirō Hasumi ayant la manie de toujours laisser sa caméra en mouvement, le tout devient difficile, voire extrêmement désagréable à suivre, le gunfight de l’épisode 3 (de nuit et simplement éclairé par les tirs d’armes à feu) étant un véritable cas d’école à déconseiller aux épileptiques. Tout le temps rattrapé par sa durée limitée, la série accélère grandement les choses dans le dernier épisode et finit par complètement s’emmêler les pinceaux à travers un retournement de situation tellement mal utilisé que les scénaristes se sont par la suite sentis obligés d’inclure une séquence supplémentaire pour amener une éventuelle Saison 02 qui aura la lourde tâche de nous faire oublier ces quatre épisodes aussi décevants qu’inutiles.

Que vous connaissiez ou non la saga vidéoludique, difficile de conseiller Resident Evil : Infinite Darkness. Cherchant à développer une intrigue complète à travers quatre épisodes, la série ne fait que mettre en avant son écriture abominable, une intrigue datée et un niveau technique inégal. Accumulant les clichés, minimisant le rôle de Claire Redfield au profit de Leon, Infinite Darkness ne parvient à convaincre ni dans son histoire, ni dans son action et encore moins dans sa réalisation.

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Sans Un Bruit 2 – Le retour du cinéma muet

Pétri de bonnes intentions, Sans Un Bruit réussissait en 2018 à proposer un concept intéressant et à broder autour de celui-ci afin de nous offrir un survival aussi original qu’efficace. Tout en usant au mieux de ses effets, le film de John Krasinski suivait la fuite en avant de la famille Abbott, en pleine invasion extraterrestre. Délaissant le sensationnel au profit d’une sorte de minimalisme autant sonore que structurel, le long-métrage s’appuyait sur une tension savamment entretenue jusqu’à son final, certes bancal mais ouvrant la voie à une franchise en devenir. Trois ans plus tard, on retrouve Evelyn et ses enfants là où nous les avions laissé.

S’ouvrant sur une introduction en flash-back aussi impressionnante qu’immersive (malheureusement partiellement spoilée à travers les trailers), Sans Un Bruit 2 passe la seconde en reprenant dans la continuité du premier volet. Evelyn, Regan et Marcus s’échappent de leur ferme et reprennent leur voyage afin de trouver un lieu plus sûr pour y (sur)vivre. A l’image du premier épisode, cette Part II ne va pas tarder à les confronter à des aliens toujours aussi sensibles au bruit et capables de fondre sur les protagonistes au moindre bruissement de feuilles. Krasinski choisit une fois de plus d’aller à l’essentiel en ne cédant pas à l’appel d’une durée excessive. Tout est ici condensé en 1h37 (générique compris), ce qui influe bien entendu sur le rythme, plus soutenu que dans l’original.

Ne pouvant guère plus profiter de l’effet de surprise, le réalisateur s’évertue alors à tracer la route de notre petite famille qui va rencontrer en chemin une ancienne connaissance, Emmett, impeccablement interprété par Cillian Murphy. Va alors s’opérer un switch entre Evelyn/Marcus et Emmett/Regan, formant deux duos qui par la force des choses vont être amenés à se séparer. Une façon de s’émanciper de l’aspect huis-clos du précédent film et de multiplier les situations tout en approfondissant l’aspect humain des personnages. Le réalisateur prend ainsi le temps de s’intéresser à d’autres survivants en cassant la dimension familiale du premier volet et en permettant à Regan de gagner en épaisseur à travers son besoin de s’impliquer davantage dans la destinée de ses proches et cela au péril de sa vie.

John Kransinski soigne son montage (profitant d’un excellent mixage sonore) et utilise tout ce qu’il a sous la main pour apporter davantage de rythme à sa narration qui en devient dès lors plus prenante. Porté par ses comédien(ne)s, Sans Un Bruit 2 ne cesse de les malmener en les confrontant à des aliens toujours aussi dangereux mais aussi à des rescapés épars. Distillant quelles idées intéressantes, le film tisse au fil de sa progression un récit ténu mais néanmoins plus impactant que celui du premier volet en s’ouvrant à davantage d’environnements et donc de possibilités. On regrettera cependant que certaines pistes (le groupe de pillards, les survivants de l’île) ne servent qu’à faire monter la pression sans jamais bénéficier d’un vrai développement qui aurait pourtant permis à cette suite d’aborder la survie à plus grande échelle et donc de lui offrir un peu plus de matière. Dommage d’autant qu’en parallèle, Emmett profite d’une écriture intéressante (bien qu’assez conventionnelle pour le genre post-apo), aidée, il est vrai, par le besoin d’apporter à cette suite une nouvelle figure paternelle amenée à ne plus vivre dans son tragique passé afin de pouvoir épauler comme il se doit la famille Abbott.

Soignant son atmosphère en délaissant les jump-scares (à une ou deux exceptions près) pour au contraire privilégier les plans larges avec ces créatures bondissant sur leurs victimes, Sans un Bruit 2 reproduit la formule du premier épisode en n’intégrant jamais de véritables morceaux de bravoure afin d’appuyer la fragilité de l’ensemble des protagonistes.

Le film en profite alors pour mettre en avant Regan et Marcus jusqu’à en faire les «héros» de cette suite, de façon parfois un peu trop explicite à l’image d’une conclusion sous forme de jeu de miroirs, néanmoins esthétique et logique en vue du développement des adolescents dans une d’ores et déjà annoncée Part III.

Soutenu par une réalisation intelligente, Sans Un Bruit 2 pousse un peu plus loin le concept initial en développant, certes timidement, son univers, tout en parvenant à suffisamment varier ses situations bien qu’héritées pour la plupart de celles du précédent long-métrage. Emmené par un casting de qualité, cette Part II troque l’effet de surprise initial pour un rythme plus soutenu tout en ne délaissant jamais ses personnages au profit de ses créatures plus mortelles que jamais. En résulte une suite très efficace, allant à l’essentiel qui aurait malgré tout gagnée à creuser certaines pistes.

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Superman : The Animated Series : Une série en acier trempé !

Bien moins citée que Batman : The Animated Series quand il s’agit de parler des séries à la gloire des héros de DC, Superman : The Animated Series (aka Superman : L’Ange de Métropolis en France) n’en reste pas moins un show d’exception, plus héroïque et porté sur l’action que son illustre aîné, et entièrement dédiée à l’icône américaine trouvant ici sa meilleure adaptation à travers trois saisons aussi complémentaires que généreuses.

Diffusée en septembre 1996, soit quatre ans après Batman : The Animated Series, Superman : The Animated Series se termine après 54 épisodes. On ne sera pas étonnés de retrouver à la barre des anciens de Batman : TAS comme Bruce Timm, Paul Dini ou bien encore la compositrice Shirley Walker. Troquant la sombre Gotham et l’ambiance très film noir de Batman : TAS pour une Metropolis lumineuse et une atmosphère soutenue par son action frénétique, Superman : The Animated Series profite d’une intéressante courbe de progression au fil de ses saisons.

Ainsi, la première d’entre-elles composée de 13 épisodes opte pour le concept de «freak of the week» en intégrant régulièrement un vilain diffèrent. Néanmoins, dans son triptyque de départ, elle prend le temps de revenir sur les origines de Superman et lors des épisodes 9 & 10 (Le Motard du Cosmos), elle confronte l’Homme d’acier au chasseur de primes intergalactique Lobo avant de les associer contre le Préservateur, être collectionnant les espèces rares de l’univers. Cet épisode fonctionne à merveille, notamment grâce à la personnalité des deux personnages, à l’opposé l’une de l’autre. Pour l’anecdote, alors que le doubleur américain de Lobo, Brad Garret, opte pour une voix relativement sobre, le doubleur français, Pascal Renwick (voix de Laurence Fishburne), usera d’un timbre plus grave afin de donner à Lobo une côté plus roublard et finalement raccord avec son visage. Notons à ce sujet que le doublage français dans son ensemble est de grande qualité grâce aux prestations de Emmanuel Jacomy (Superman), Véronique Augereau (Loïs Lane) ou bien encore Alain Dorval (Lex Luthor). La version française contribuera ainsi, à l’instar de celle de Batman : TAS, à l’aura de qualité de la série.

La deuxième saison de 28 épisodes, délaissera un peu l’aspect «1 épisode / 1 ennemi» en proposant des scénarios plus élaborés s’étalant parfois sur deux voire trois épisodes à l’instar de Nec Plus Ultra qui fait intervenir Batman. Ce premier crossover s’avère savoureux à plus d’un titre en réunissant les deux justiciers pour affronter Luthor et Le Joker. L’écriture est excellente et trouve toujours le ton juste entre humour et action ou bien encore grâce au triangle amoureux, entre Loïs, Bruce et Superman, qui ajoute une histoire supplémentaire à l’intrigue. L’épisode évite qui plus est l’affrontement entre Batman et Superman en préférant jouer sur la révélation de l’identité secrète des deux héros afin de bien dissocier « leurs méthodes de travail ».

Ce triple épisode d’une heure compte parmi les meilleurs de toute la série et profite qui plus est de l’animation impeccable du studio Tokyo Movie Shinsha qui s’était déjà illustré dans Batman : TAS ou bien encore le très bon Batman La Relève : Le Retour du Joker.

Cette saison se montre également beaucoup plus variée dans ses péripéties ou même son ton en faisant intervenir une combattante de caractère (Maxima la Reine Guerrière), celui d’Electra pour la toute première fois dans le DC Animated Universe ou bien encore Mxyzptlk dans l’épisode du même nom. Ce dernier se montre également exquis en terme d’écriture et pour une fois essentiellement basé sur l’humour. Superman joue en effet de son intelligence afin de se débarrasser tous les trois mois de Monsieur Mxyzptlk, inénarrable farceur dans la grande tradition des Tex Avery, vivant dans la Cinquième dimension.

Citons également le double épisode Centrale Nucléaire faisant intervenir Dark Seid et le dernier épisode, lui aussi en deux parties (La Petite Fille Perdue) et mettant en vedette Kara, une jeune Kryptonienne que Clark va prendre sous son aile et qui deviendra par la suite Supergirl.

La troisième saison de 13 épisodes se recentrera sur des scripts moins denses, sans pour autant être mauvais, plus proches en cela de ceux de la première saison. L’occasion de retrouver plusieurs ennemis déjà vus, de Metalo à Toyman en passant par Bizarro ou bien encore les Kryptoniens Mala et Jax-Ur. Les supers-héros ne seront pas en reste avec l’apparition de Robin, Aquaman, Green Lantern ou La Légion des supers-héros.

Proposant des scénarii travaillés, une bande son héroïque et une animation de qualité, la série se distingue aussi par son superbe design art deco. On notera également que le Superman de TAS se montre moins puissant que dans les comics en peinant par exemple pour soulever un «simple» camion. L’idée a énormément de sens dans une série animée portée par ses méchants et ses affrontements, ceci jouant nettement sur le rythme, le spectaculaire et la notion de suspens qui n’est dès lors plus simplement liée à l’utilisation de la Kryptonite. Précisons pour terminer qu’en 2006 (six ans après l’arrêt de la série) sortira le film Brainiac Attacks, sympathique mais qualitativement en deçà de ceux de Batman : TAS, Batman Contre le Fantôme Masqué ainsi que Batman et Mr. Freeze : Subzero.

Portée par d’excellents épisodes, une impressionnante galerie de supers-vilains, un superbe design et un doublage (anglais comme français) d’exception, Superman : The Animated Series rivalise sans peine avec Batman : The Animated Series. Proche des comics, intelligente dans son traitement, variée, elle réussit le tour de force de présenter un homme d’acier charismatique, à la fois plus fragile et intelligent.

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Ratchet and Clank : Rift Apart, un épisode aux dimensions cosmiques ?

Sans être la série la plus plébiscitée de l’univers Playstation, Ratchet and Clank n’en reste pas moins une saga d’importance pour Sony qui comptabilise déjà (en comptant les portages) pas moins de 13 épisodes. Rift Apart était donc doublement attendu, par les fans de la licence qui se rongeaient les sangs depuis 2016, date du remake du premier volet, et les possesseurs de PS5 censés pouvoir profiter d’un jeu usant au mieux des capacités de leur console. Bien que le titre soit effectivement un incroyable représentant des possibilités de la machine de Sony, que vaut l’aventure en elle-même ?

Rien ne va plus, le Docteur Nefarious, notre rival de toujours, a encore fait des siennes. Cette fois, il a volé le Dimensionateur et il entend bien s’en servir pour régner en maître sur une dimension parallèle. Bien entendu, notre sympathique duo va devoir court-circuiter ses plans en voyageant de planète en planète afin de trouver le moyen de réduire à néant les ambitions du démoniaque robot. Toutefois, pour les aider dans leur tâche, ils pourront compter sur Rivet, une Lombax avec qui Clank, amoché et séparé de Ratchet, va faire équipe. De son côté, notre intrépide Lombax trouvera en Glitch, une IA capable de pirater des systèmes, et Kit, l’alter ego dimensionnel de Clank, de précieuses alliées, jusqu’à ce que tout ce petit monde se retrouve pour botter les fesses métalliques de Nefarious. Bien qu’assez quelconque, le scénario de Rift Apart a le mérite de mettre en avant de nouveaux personnages à la personnalité complémentaire, la nature enjouée de Rivet s’harmonisant par exemple parfaitement avec celle plus contrastée de Ratchet. Une bonne idée même si on aurait apprécié que le concept de doubles dimensionnels soit plus creusé.

Cherchant davantage à en mettre plein les mirettes qu’à innover, la formule de ce nouvel épisode s’avère convenue pour celles et ceux qui connaîtraient la série ou le genre action/plates-formes. Pour autant, ce qui fait ici la différence tient à la maîtrise du rythme d’Insomniac Games qui dès le départ prévient le joueur que l’aventure va être hors normes. Tout dans cet opus suinte l’envie d’être «Bigger, better, stronger», à commencer par la représentation de son univers composé de planètes aussi diverses que variées. Chaque biome a ainsi bénéficié d’un soin particulier afin d’accentuer l’envie d’explorer pour y trouver les matériaux nécessaires à l’achat et l’upgrade d’armes ou bien encore pour y dénicher quelques quêtes annexes venant gonfler la durée de vie. De l’introduction sur Corson V, avec son Nefarious sacré Empereur, évoquant fortement le passage de Marty dans un futur alternatif où Biff règne en maître (Retour vers le Futur 2) à la planète de Sargasso, sauvage et composée de vastes étendues naturelles, en passant par la mine de Molonoth de Torren IV, Rift Apart propose une virée incroyable ponctuée de moments mémorables.

Alors que dans sa structure extrêmement classique (sans doute l’un des points faibles du jeu), ce nouveau Ratchet and Clank offre une très grosse impression de déjà-vu, il compense ce ressenti grâce à ses somptueux décors et sa pluie d’effets spéciaux. Vitrine technique d’une PS5 en mal de blockbusters, le jeu d’Insomniac Games parvient toutefois à légitimer ce flot d’effets spéciaux à travers l’usage de ses nombreuses armes, l’utilisation des failles temporelles ou bien encore l’héritage de la série synonyme de multiples éléments destructibles recelant une pluie de boulons. De fait, cette abondance d’explosions, de créatures et autres vaisseaux zébrant le ciel s’intègre parfaitement à un ensemble visuel très riche et ne dénote jamais à cause d’un aspect «too much» à l’instar par exemple d’un titre comme Kameo : Elements Of Power sur Xbox 360.

Bien qu’ayant soigné son gameplay, on trouvera tout de même frustrant que les fameuses failles évoquées plus avant n’aient finalement pour autre ambition que de remplacer un grappin. Le concept se montre donc beaucoup moins excitant qu’initialement vendu bien qu’il soit timidement utilisé lors d’une course. On pourra également reprocher au jeu sa profusion d’armes (électrique, «à pompe», grenades, etc.) d’autant que la sélection rapide n’est pas vraiment adaptée et demandera très souvent d’utiliser une roue disposant de deux volets distincts tant les pétoires sont nombreuses. Un détail cependant même si on reviendra rapidement à certains combos d’armes très efficaces pour venir à bout des innombrables vagues d’ennemis (parfois désespérément longues à l’image de ce qu’on trouvait déjà dans les Spider-Man du studio) et des quelques boss épars, agréables à appréhender.

On appréciera aussi la volonté des développeurs d’avoir essayé d’apporter un peu de variété à l’ensemble via quelques séquences plus originales. Citons par exemple celles de Clank, d’inspiration «Lemmingsesque», durant lesquelles vous devrez user d’orbes pour activer des mécanismes et ainsi amener à bon port plusieurs ghosts afin de débloquer le chemin. Bien qu’on aurait aimé que les phases de piratage avec Glitch ne soient pas simplement synonymes d’action, on saluera au final la variété des situations alternant courses-poursuites dignes d’une attraction de Disneyland, les décors disparates influant parfois sur le gameplay (sous-marin, usant de la gravité zéro à la manière d’un Dead Space) ou bien encore les quelques défis, certes centrés autour des mêmes éléments, mais produisant néanmoins des montées d’adrénaline, surtout lors de la Coupe Or.


En somme, si on retrouve dans Rift Apart, cet agglomérat d’éléments qui ont fait leur preuve, ici magnifiés par une technique impressionnante offrant aux cinématiques un aspect proche du film d’animation, le fait qu’Insomniac Games maitrise parfaitement leur sujet fait toute la différence. Que ce soit dans les différents modes proposés, privilégiant le rendu ou les fps, plonger dans ce nouveau Ratchet and Clank procure autant d’émerveillement que de plaisir, soit deux des fondamentaux d’un bon jeu vidéo.

La générosité est sans doute le mot qui caractérise le plus Rift Apart. Généreux dans sa durée de vie, dans son gameplay, dans ses situations, le titre d’Insomniac Games ne lésine jamais sur rien et se présente comme un incroyable roller coaster autant technique que ludique. Affichant de sa première à sa dernière seconde une envie absolue de divertir, le jeu multiplie personnages comme planètes et offre à ce nouveau volet une dimension de gigantisme où action et humour forment un joyeux mélange auquel il sera difficile de résister.

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Godzilla Vs Kong : Le choc des Titans !

Progressivement amené à travers Godzilla, Kong : Skull Island, puis Godzilla 2 : Roi des Monstres, Godzilla Vs Kong marque la rencontre entre les deux créatures. Déjà illustré en 1962 dans le King Kong Contre Godzilla de Ishiro Honda, le match entre les deux monstres entend cette fois nourrir le MonsterVerse de Warner qui devrait en toute logique accueillir d’autres bestioles dans les années à venir.

Faisant suite aux trois films pré-cités, Godzilla Vs Kong va droit au but et ne s’embarrasse nullement des préliminaires afin de contextualiser à outrance son histoire. L’idée est ici de vraiment offrir aux spectateurs ce qu’ils sont venus chercher : deux monstres de plusieurs mètres de haut s’envoyant de joyeux bourres-pifs. Sur ce point, autant dire que le spectacle s’avère aussi jouissif et régressif dans son action que peu ambitieux dans sa narration. En effet, la structure du film s’avère bancale à cause d’une absence totale de dramaturgie. Les personnages humains, pourtant omniprésents, ne sont jamais développés et l’affrontement entre les deux monstres n’étant pas vraiment vécu du point de vue des humains, tout ce qui entoure les deux créatures est la plupart du temps présenté comme autant de décors destructibles servant aux scènes certes grandioses mais ne prenant jamais en compte les dommages collatéraux et les pertes humaines.

Bien que son réalisateur, Adam Wingard (You’re Next, le remake de Blair Witch, Death Note) ait assumé ses choix en précisant que son film était vraiment centré sur ses deux monstres, on pourra toutefois trouver étrange d’avoir élaboré un cheminement pour ses personnages à travers trois films pour complètement les délaisser à l’arrivée. Cependant, si il pèche par son scénario évoquant le besoin de trouver un nouvel habitat pour Kong, ce qui ne manquera pas de le faire rencontrer Godzilla en chemin, attiré par un étrange signal, le long-métrage se montre par contre très convaincant dans son action. Autant dans l’impact des coups que dans la lisibilité de l’action, Wingard maîtrise son octogone urbain et aligne les affrontements pour notre plus grand plaisir. On en viendrait presque à oublier les différences initiales d’échelle entre Kong et Godzilla, expliquées par le réalisateur bien que moyennement crédibles.

D’un combat en pleine mer avec un Kong bondissant de porte-avion en porte-avion pour éviter les attaques de Godzilla à un fight nocturne à Hong-Kong, mettant habilement à profit les néons de la ville pour suivre les déplacements des créatures, le film use d’idées intéressantes pour mettre en avant ses deux vedettes. Sans être aussi imaginatif que le Pacific Rim de Del Toro, Godzilla Vs Kong parvient à maintenir une véritable énergie jusqu’à son impressionnant final voyant les deux monstres affronter un Mechagodzilla hors de contrôle, le véritable ennemi de ce long-métrage.

Bien entendu, avant d’en arriver là, Wingard saupoudre son film de moments se voulant dans la lignée plus aventureuse, des Kong originaux ou de Jules Verne. Malheureusement, si il nous emmène en Antarctique, sur l’île du Crâne ou bien encore la Terre Creuse, le tout n’est jamais véritablement mis en valeur autrement que par le biais de passages éclairs qui auraient mérité une exposition autrement plus importante pour offrir au film un souffle plus épique. Plus réussie, la relation entre Kong et Jia, une jeune fille muette, seule à même de calmer Kong, permet d’humaniser le grand singe à l’inverse de Godzilla davantage guidé par ses instincts animal. Caricatural oui mais utile pour bien marquer les personnalités des deux créatures.

Traînant de véritables soucis d’écriture quand il s’agit de traiter ses personnages humains, Godzilla Vs Kong s’agrippe néanmoins à son statut de blockbuster faisant de chaque joute entre les deux monstres un moment jouissif et régressif. Impressionnant et profitant d’un rythme soutenu, le film d’Adam Wingard se laisse suivre avec un plaisir coupable puisque sans atteindre la maîtrise d’un Pacific Rim, il enchaîne des scènes d’action aussi plaisantes que spectaculaires.

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Un Homme en Colère : La vengeance dans la peau

Seize ans que Jason Statham n’avait pas eu l’occasion de retravailler avec Guy Ritchie avec qui il avait signé Arnaques, Crimes et Botanique, Snatch, et Revolver. Il aura donc fallu attendre tout ce temps pour retrouver les deux compères autour de ce remake américain de l’excellent Le Convoyeur sorti en 2004. Un retour attendu pour un film qui l’était tout autant.

Bien qu’expurgé de la dimension sociale du long-métrage original, Un Homme en Colère en reprend néanmoins la base. H, autrement dit Patrick Hill (Jason Statham), se fait embaucher dans une société de transports de fonds sujette depuis quelques mois à plusieurs braquages. Cachant son passé à ses collègues, Patrick va peu à peu révéler d’étonnantes capacités une fois sur le terrain en faisant preuve d’un étonnant self-control.
Un Homme en Colère choisit de s’éloigner assez rapidement du Convoyeur, aussi bien dans sa structure que dans son ton, notamment à travers la réalisation de Guy Ritchie offrant à ce remake une dimension d’actioner absente du film de Nicolas Boukhrief, plus anxiogène dans ses thématiques, sa photo ou bien encore le personnage d’Alexandre formidablement interprété par Albert Dupontel. Exit la fragilité physique de l’homme, Ritchie troque au contraire ses hésitations contre une précision et un sang-froid à toute épreuve faisant de H un personnage constamment au-dessus de la mêlée, calculateur, redoutable, sans pitié. Un rôle taillé sur-mesure pour Jason Statham jouant de son flegme et de sa carrure d’homme fort.

Profitant d’un premier acte à la tension savamment entretenue, Un Homme en Colère échoue malheureusement à offrir suffisamment d’épaisseur à la plupart de ses rôles secondaires pourtant interprétés par des comédiens chevronnés tels Andy Garcia, Holt McCallany ou bien encore Josh Harnett incarnant le joyeux vantard Boy Sweat Dave dont le rôle aurait gagné à être bien mieux défini en amont.

Le film affiche d’ailleurs un trop-plein de personnages puisque dans sa deuxième partie, l’intrigue s’accélère en jouant sur deux tableaux à l’image de son protagoniste principal. Pour agencer le tout, Ritchie multiplie les flash-backs et délaisse son style habituel en optant pour d’amples mouvements de caméra aérienne, d’angles plus ouverts ou au contraire proches de Patrick lorsque celui-ci déambule dans la société de transport de fonds. Plus impersonnelle (à l’inverse des Sherlock Holmes, premiers films hollywoodiens de l’anglais, qui portaient sa patte), moins démonstrative, moins recherchée, la réalisation de Guy Ritchie n’en reste pas moins élégante, portée par son sujet et des personnages moins excentriques.

L’autre différence entre Un Homme en Colère et Le Convoyeur nous plonge dans le quotidien des braqueurs, ce que ne faisait jamais Boukhrief puisque tel n’était pas le propos de son film, plus intimiste et centré sur Alexandre. Alors que Patrick Hill s’avère moins complexe que son homologue français, Guy Ritchie choisit de compenser cette carence en s’attardant sur l’équipe de braqueurs, afin de les humaniser et de développer des conflits au sein du groupe. Bien que l’idée ait du sens, elle ne profite malheureusement pas d’un développement suffisant pour réellement passionner. De son côté, le rôle de Scott Eastwood, sorte d’équivalent au Waingro de Heat, aurait lui aussi gagné à être plus développé autrement que pour amener une fin différente et moins percutante que celle du film de Boukhrief.

Portée par la réalisation élégante de Guy Ritchie, Un Homme En Colère conserve une force et une tension grâce à la prestation de son acteur vedette. Construit sur les bases du film de Boukhrief, le remake en dévie rapidement à travers une sous-intrigue et un focus inédit sur les braqueurs. Si on regrette des dialogues un peu fades et qu’on aurait apprécié que les personnages secondaires soient plus développés, l’ensemble se montre séduisant dans sa noirceur et sa tension allant crescendo. Ne portant jamais vraiment la patte de son réalisateur, le film s’appuie néanmoins sur l’excellente BO de Chris Benstead et une action parfaitement orchestrée (sans atteindre les cimes du cinéma de Mann) pour assurer le spectacle.

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Louis de Funès à la Cinémathèque française : Grande expo pour petit bonhomme

Encore aujourd’hui, Louis de Funès reste le plus grand acteur comique français, souvent imité, jamais égalé. Perfectionniste, l’acteur s’investira de plus en plus au fil des années dans le choix de ses rôles, l’écriture des scénarios ou de façon plus large, dans la production de ses films. Homme de théâtre, pianiste de jazz, de ses débuts à sa rencontre fusionnelle avec Gérard Oury, l’homme aura connu une riche carrière que la Cinémathèque française nous propose de suivre à travers une exposition inversement proportionnelle à la petite taille de l’homme.

Déambuler dans les allées de l’exposition Louis de Funès fait du bien au moral ! Fermée par la pandémie de COVID-19, l’expo a rouvert ses portes le 19 mai dernier et propose une très belle rétrospective jusqu’au 01 août prochain. Afin de lui rendre hommage, La Cinémathèque a mis les petits plats dans les grands en présentant aussi bien l’homme que l’acteur à travers toutes ses facettes. L’exposition est à l’image de De Funès : grandiose, sérieuse et drôle à la fois. Replonger dans sa filmographie fait un bien fou et si on a beau connaître ses répliques cultes par cœur, difficile de ne pas rire aux éclats en revoyant certains passages de La Grande Vadrouille ou des Aventures de Rabbi Jacob. La filmographie de De Funès défie le temps avec une grâce évidente et s’avère un incroyable remède lorsque l’actualité ambiante n’est pas au beau fixe.

A travers plusieurs sections, l’exposition met ainsi en parallèle l’évolution de la France à travers des dates historiques et le succès de la carrière de l’acteur entre 1945 et 1975, sur fond des Trente glorieuses, synonymes de croissance économique et de l’augmentation du niveau de vie des Français. Reflet de cette situation sans précédent, la carrière de De Funès, de Bonniface Somnambule (1951) à La Soupe aux Choux (1981) aura été émaillée de quelques déconvenues mais aussi et surtout d’immenses succès comme La Grande Vadrouille (17,28 millions de spectateurs), Le Corniaud (11,74 millions) ou bien encore Le Gendarme de Saint-Tropez (7,8 millions). C’est par le biais de nombreuses lettres et notes manuscrites, photos et accessoires de tournage (originaux et reproductions), costumes, story-boards et bien entendu, de multiples extraits et interviews, que l’exposition dresse un savoureux portrait de celui dont la notoriété aurait largement dépassé les frontières de l’Hexagone. On appréciera ce voyage dans le temps représentatif d’une certaine époque à travers des publicités un brin machistes, un poste de télévision des plus vintages ou du mobilier Seventies des plus bigarrés.

Que ce soit à travers un écran tactile permettant d’afficher l’impressionnante palette d’expressions faciales de De Funès, certains objets personnels démontrant son amour absolu pour la comédie et plus particulièrement Laurel et Hardy ou Charlie Chaplin, plusieurs photos de son enfance, l’exposition prend également le temps pour dresser le portrait de l’homme aussi facétieux à l’écran que perfectionniste dans son travail au point «de faire peur» à certains producteurs et acteurs en devenant toujours plus pointilleux et en s’intéressant à tous les aspects de ses films. On le comprend car Louis de Funès aura dû batailler pour parvenir au sommet et passer à un nom parmi tant d’autres, qui plus est mal orthographié, en 1950 dans l’annuaire professionnel, à une pleine page avec photo, en 1954.

S’étalant sur une large surface permettant de déambuler à son aise, n’ayant jamais cet aspect étouffant que peuvent avoir certaines expositions, celle de La Cinémathèque française choisit intelligemment les objets présentés, des plus populaires (une partie de la voiture de Fantômas, la fausse barbe de Rabbi Jacob, le costume de Jacques Villeret dans La Soupe aux Choux) à ceux moins connus. Saviez-vous par exemple que les pièces de la cassette de l’Avare étaient frappées à l’effigie à l’acteur ? Qu’une BD de Lucky Luke présentait un personnage, portrait craché de De Funès ? Que vous le sachiez ou non, cette exposition sera le moyen idéal de se le remémorer ou de le découvrir en survolant une vie, personnelle comme professionnelle, aussi remplie et entièrement dédiée à l’humour. Une invitation qui ne se refuse pas.

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Final Fantasy VII Remake INTERmission – DLC jazzy pour une Yuffie pleine d’énergie

Bonus à l’attention des possesseurs de PS5, INTERmission accompagne l’arrivée du titre de Square Enix dans sa version Intergrade qui profite notamment du 60fps et d’effets visuels améliorés. Court, ce DLC n’en reste pas moins un morceau de choix en faisant intervenir la jeune shinobi du Wutaï en parallèle de l’histoire originale.

Profitant de l’engouement des joueurs avides de se replonger dans l’univers de Final Fantasy VII Remake, INTERmission semblait n’être qu’une virgule dans l’histoire de ce jeu maintes fois fantasmés par les fans. L’introduction semble d’ailleurs nous donner raison puisque passée la joie de retrouver l’exubérante demoiselle, les premiers instants suivent une construction linéaire en nous faisant repasser par des environnements du Secteur 7, certes inédits, mais offrant une énorme impression de déjà-vu. Dans sa progression, INTERmission n’innove nullement et propose une trame basée sur deux chapitres (à Midgard et dans la Tour Shinra) ainsi que quelques quêtes annexes pour gonfler sa durée de vie n’excédant pas six heures.

Pensée autour de la nature enjouée de Yuffie (qui pourra sans doute en épuiser et agacer certain(e)s), INTERmission suit la quête de la shinobi à la recherche de l’ultime materia tapie dans les sous-sols de la Shinra. Prétexte, le scénario permet de faire intervenir des personnages inédits à commencer par Sonon Kusakabe, guerrier entraîné par le père de Yuffie et sorte de contrepoids à l’adolescente de par un sérieux inébranlable. Alors que le duo fonctionne très bien grâce à leurs personnalités complémentaires, l’association des deux héros fait également des étincelles en pleine action.

Bâti sur les excellentes bases du jeu original, le système de combat prend parfaitement en compte la nature de ses personnages et permet à INTERmission de disposer d’affrontements incroyablement dynamiques et tactiques à la fois.

Bien qu’il ne soit pas possible d’incarner directement Sonon, le fait de choisir ses actions et de pouvoir effectuer des attaques combinées avec lui insuffle un véritable mordant aux joutes d’autant que les Limit Break de Yuffie allient puissance et rapidité à l’image de l’ensemble de ses compétences. La ninja pouvant alterner combat à distance et au corps à corps, on s’amusera à expérimenter les différentes combinaisons avec Sonon tout en exploitant les faiblesses des adversaires pour rechercher le Choc et ainsi en finir rapidement.

Sur ce point, rien à redire d’autant que le bestiaire s’enrichit de quelques ennemis supplémentaires, de boss impressionnants et d’un Esper supplémentaire, autrement dit Ramuh, plus puissant que jamais.

Atténuant quelque peu l’aspect redondant des phases d’exploration à l’aide de quelques «énigmes» nous demandant d’observer notre environnement pour déclencher divers mécanismes ou de passages de rapidité basés sur le lancer de shurikens afin de détruire des boîtes recelant items et autres équipements, INTERmission se distingue surtout par sa bande-son dynamique. Si celle de l’original reprenait les compositions de Nobuo Uematsu de l’époque, à travers de magnifiques réinterprétations orchestrales, ce contenu fait le choix judicieux d’opter pour des musiques rythmant continuellement exploration comme action via des morceaux plus pêchus oscillant entre hard rock et jazz. Evoquant par moments le travail de Yoko Kanno dans Cowboy Bebop, l’OST offre à ce DLC un aspect plus détendu et insouciant à l’image de son espiègle héroïne. Une idée brillante lui insufflant, avec son action plus frénétique, une personnalité propre.

On saluera enfin le mini jeu de Fort Condor, simple en apparence mais plus malin qu’il n’y paraît, à l’instar du système de combat. Vous aurez ainsi rapidement la possibilité d’affronter, à l’aide d’une sorte de jeu de stratégie, plusieurs adversaires dans le Secteur 7 afin de récolter des jetons qui vous permettront d’obtenir des items intéressants. Dans l’absolu, rien de compliqué puisque après avoir choisi vos unités (Attaque, Défense, Aérien…), vous devrez bouger vos pièces, tributaires d’une jauge ATB, pour aller détruire trois piliers dans le camp adverse, l’ennemi faisant bien entendu de même. Les retournements de situation étant nombreux, vous devrez prendre en compte le plateau de jeu de votre adversaire (visible dès le départ) pour choisir vos unités dont la puissance est basée sur le principe du Pierre/Feuille/ Ciseaux et user à bon escient des deux materias, à usage unique. Le jeu incitant à attaquer, il faudra donc faire attention aux combattants que vous pourrez faire apparaître sur la zone tout en essayant de déployer des unités de défense pour protéger votre camp. Très bien pensé et plutôt prenant, sans avoir la profondeur d’un Triple Triad, Fort Condor est un bonus agréable offrant quelques aérations à un cheminement classique.

Dynamique, améliorant le système de combat de l’original, intégrant nouvelles créatures et personnages inédits, Final Fantasy VII Remake INTERmission se montre un excellent DLC, sans doute un peu court et classique dans sa structure, mais représentant parfaitement sa jeune héroïne. Ne se prenant nullement au sérieux et profitant d’une fantastique bande-son jazzy, ce contenu s’avère être un bonus de qualité dont il serait dommage de passer à côté.